(Cara, cosa mi succede stasera, ti guardo ed come la prima volta) Che cosa sei, che cosa sei, che cosa sei (Non vorrei parlare) Cosa sei (Ma tu sei la frase d’ amore cominciata e mai finita) Non cambi mai, non cambi mai, non cambi mai (Tu sei il mio ieri, il mio oggi) Proprio mai (Il mio sempre, inquietudine)
Adesso ormai ci puoi provare chiamami tormento dai, giá Che ci sei (Tu sei come il vento che porta I violini e le rose) Caramelle non ne voglio più (Certe volte non ti capisco) Le rose e violini questa sera raccontali a un’altra Violini e rose li posso sentire quando la cosa mi va se mi va
Quando il momento e dopo si vedrà (Una parola ancora) Parole, parole, parole (Ascoltami) Parole, parole, parole (Ti prego) Parole, parole, parole (Io ti giuro) Parole, parole, parole, parole parole soltanto parole Parole tra noi (Ecco il mio destino, parlarti, parlarti come la prima) Volta
Che cosa sei, che cosa sei, che cosa sei (No, non dire nulla, c’è la notte che parla) Cosa sei (La romantica notte) Non cambi mai, non cambi mai, non cambi mai (Tu sei il mio sogno proibito) Proprio mai
(Vero, speranza) Nessuno più ti può fermare chiamami passione dai, hai Visto mai (Si spegne nei tuoi occhi la luna e si accendono I grilli) Caramelle non ne voglio più (Se tu non ci fossi bisognerebbe inventarti) La luna ed I grilli normalmente mi tengono sveglia Mentre io voglio dormire e sognare l’uomo che a volte c’è in te
Quando c’è Che parla meno ma più piacere a me (Una parola ancora) Parole, parole, parole (Ascoltami) Parole, parole, parole (Ti prego) Parole, parole, parole (Io ti giuro) Parole, parole, parole, parole parole soltanto parole
Parole tra noi (Che cosa sei) Parole, parole, parole (Che cosa sei) Parole, parole, parole (Che cosa sei) Parole, parole, parole (Che cosa sei) Parole, parole, parole, parole parole soltanto parole Parole tra noi
Encore des mots toujours des mots les mêmes mots Je n’sais plus comme te dire Rien que des mots Des mots faciles des mots fragiles C’était trop beau. Bien trop beau
Mais c’est fini le temps des rêves Les souvenirs se fanent aussi Quand on les oublie
Caramels, bonbons et chocolats Merci, pas pour moi Tu peux bien les offrir à une autre Qui aime le vent et le parfum des roses Moi, les mots tendres enrobés de douceur Se posent sur ma bouche Mais jamais sur mon cœur
Parole, parole, parole Parole, parole, parole Parole, parole, parole Parole, parole, parole, parole, parole Encore des paroles que tu sèmes au vent
Encore des mots toujours des mots les mêmes mots Rien que des mots Des mots magiques des mots tactiques qui sonnent faux Oui, tellement faux
Rien ne t’arrête quand tu commences Si tu savais comme j’ai envie D’un peu de silence
Caramels, bonbons et chocolats Mais tu peux bien les offrir à une autre qui aime les étoiles sur les dunes Moi, les mots tendres enrobés de douceur Se posent sur ma bouche Mais jamais sur mon cœur
Parole, parole, parole, parole Parole, parole, parole. Parole, parole, parole Parole, parole, parole, parole, parole Encore des paroles que tu sèmes au vent
Parole, parole, parole Parole, parole, parole Parole, parole, parole Parole, parole, parole, parole, parole Encore des paroles que tu sèmes au vent
Le droit des femmes Le droit des femmes Le droit des femmes
Depuis qu’avec l’homme sur Terre elle fut mise Le femme pour des millénaires fut soumise Cette tradition était clairement transmise Elle obéissait à ses pairs et à l’église
Le droit des femmes (Le droit des femmes) Le droit des femmes n’est plus Je le proclame (Je le proclame) Ce que jadis il fût Ces dames se sont battues mais l’ont eu Le droit des femmes Et ne le lâcheront plus
Bien des choses ont évolué Depuis que Rome Voulait les culpabiliser Pour une pomme Les femmes se sont libérées Il faut voir comme Il faudra nous y habituer Nous les bonshommes
Le droit des femmes (Le droit des femmes) Le droit des femmes n’est plus Je le proclame (Je le proclame) Ce que jadis il fût Ces dames se sont battues mais l’ont eu Le droit des femmes Et ne le lâcheront plus
Souvent nos mères ont vécu L’insupportable Subissant bafouées et cocues L’inacceptable Messieurs ce temps est révolu Alors que diable Les jeux sont faits rien ne va plus Cartes sur table
Le droit des femmes (Le droit des femmes) Le droit des femmes n’est plus Je le proclame (Je le proclame) Ce que jadis il fût Ces dames se sont battues mais l’ont eu Le droit des femmes Et ne le lâcheront plus
Femmes poupées, femmes au foyer Femmes qu’on vexe Toutes ces femmes libérées De leurs complexes Parlent de choix, parlent d’idées Comme de sexe Alors messieurs ayons fair play Le bon réflexe
Le droit des femmes (Le droit des femmes) Le droit des femmes n’est plus Je le proclame (Je le proclame) Ce que jadis il fût Ces dames se sont battues mais l’ont eu Le droit des femmes Et ne le lâcheront plus
Ce mari, cet ancien macho Peut sans problème Sans rougir pousser un landau Sur les lieux même Où tous ses copains font le beau Devant un crème On a l’étoffe d’un héros Dès que l’on aime
Le droit des femmes (Le droit des femmes) Le droit des femmes n’est plus Je le proclame (Je le proclame) Ce que jadis il fût Ces dames se sont battues mais l’ont eu Le droit des femmes Et ne le lâcheront plus
Aujourd’hui le monde a changé Tout passe et casse La femme dans la société A pris sa place Pilote, écrivain, PDG Et puis j’en passe Comme finir à l’Elysée Un jour de grâce
Le droit des femmes (Le droit des femmes) Le droit des femmes n’est plus Je le proclame (Je le proclame) Ce que jadis il fût Ces dames se sont battues mais l’ont eu Le droit des femmes Et ne le lâcheront plus
Échange de bon procédés L’homme peut faire Quelques uns des petits métiers Des ménagères On peut le voir marcher sur les grandes artères Fardé, peu vêtu racoler Ses congénères
Le droit des femmes (Le droit des femmes) Le droit des femmes n’est plus Je le proclame (Je le proclame) Ce que jadis il fût Ces dames se sont battues mais l’ont eu Le droit des femmes Et ne le lâcheront plus
Je me lève Et je te bouscule Tu ne te réveilles pas Comme d’habitude Sur toi je remonte le drap J’ai peur que tu aies froid Comme d’habitude Ma main caresse tes cheveux Presque malgré moi Comme d’habitude Mais toi tu me tournes le dos Comme d’habitude
Et puis je m’habille très vite Je sors de la chambre Comme d’habitude Tout seul je bois mon café Je suis en retard Comme d’habitude Sans bruit je quitte la maison Tout est gris dehors Comme d’habitude J’ai froid, je relève mon col Comme d’habitude
Comme d’habitude Toute la journée Je vais jouer à faire semblant Comme d’habitude Je vais sourire Comme d’habitude Je vais même rire Comme d’habitude Enfin je vais vivre Comme d’habitude
Et puis le jour s’en ira Moi je reviendrai Comme d’habitude Toi tu seras sortie Et pas encore rentrée Comme d’habitude Tout seul j’irai me coucher Dans ce grand lit froid Comme d’habitude Mes larmes je les cacherai Comme d’habitude
Mais comme d’habitude Même la nuit Je vais jouer à faire semblant Comme d’habitude Tu rentreras Oui, comme d’habitude Je t’attendrai Comme d’habitude Tu me souriras Oui, comme d’habitude
Comme d’habitude Tu te déshabilleras Comme d’habitude Tu te coucheras Comme d’habitude On s’embrassera Comme d’habitude
Comme d’habitude On fera semblant Oui, comme d’habitude On fera l’amour Oui, comme d’habitude On fera semblant Comme d’habitude Comme d’habitude On fera semblant Oui, comme d’habitude…
And now, the end is near And so I face the final curtain My friend, I’ll say it clear I’ll state my case, of which I’m certain
I’ve lived a life that’s full I travelled each and every highway And more, much more than this I did it my way
Regrets, I’ve had a few But then again, too few to mention I did what I had to do And saw it through without exemption
I planned each charted course Each careful step along the byway And more, much more than this I did it my way
Yes, there were times I’m sure you knew When I bit off More than I could chew
But through it all When there was doubt I ate it up and spit it out I faced it all and I stood tall And did it my way
I’ve loved, I’ve laughed and cried I’ve had my fill, my share of losing And now, as tears subside I find it all so amusing
To think I did all that And may I say, not in a shy way Oh, no, oh, no, not me I did it my way
For what is a man, what has he got? If not himself, then he has naught To say the things he truly feels And not the words of one who kneels The record shows I took the blows And did it my way
Yes, it was my way
A mi manera – Raphael
El final se acerca ya Lo afrontaré serenamente Ya ves que yo he sido así Se lo diré sinceramente Viví la inmensidad Sin conocer jamás fronteras Jugué, sin descansar y a mi manera.
Jamás vive un amor Que para mi fuera, fuera importante Corté solo la flor Y lo mejor de cada instante Viajé y disfruté No sé si más que otro cualquiera Si bien, todo eso fue siempre a mi manera.
Tal vez lloré, o tal vez reí, Y tal vez gané o tal vez perdí Ahora sé que fui feliz Que si lloré también amé Puedo seguir hasta el final, a mi manera.
Quizás también dudé Cuando yo más me divertía Quizás yo desprecié Aquello que yo no comprendía Hoy sé, que firme fui Y que afronté ser como era Y así logré vivir a mi manera.
Porque sabrás que un hombre en fin Conocerás por su vivir No hay porque hablar, ni que decir, Ni que llorar, ni que fingir Puedo seguir hasta el final, a mi manera! Sí, a mi manera.
Autumn in New York Why does it seem so inviting? Autumn in New York It spells the thrill of first-nighting Glittering crowds And shimmering clouds In canyons of steel They’re making me feel I’m home
It’s autumn in New York That brings the promise of new love Autumn in New York Is often mingled with pain Dreamers with empty hands May sigh for exotic lands It’s autumn in New York It’s good to live it again
It’s autumn in New York That brings the promise of new love Autumn in New York Is often mingled with pain Lovers that bless the dark On benches in Central Park It’s autumn in New York It’s good to live it again
I was twenty-one years when I wrote this song I’m twenty-two now, but I won’t be for long Time hurries on And the leaves that are green turn to brown And they wither with the wind And they crumble in your hand
Once my heart was filled with the love of a girl I held her close, but she faded in the night Like a poem I meant to write And the leaves that are green turn to brown And they wither with the wind And they crumble in your hand
I threw a pebble in a brook And watched the ripples run away And they never made a sound And the leaves that are green turn to brown And they wither with the wind And they crumble in your hand
Hello, hello, hello, hello Good-bye, good-bye, good-bye, good-bye That’s all there is And the leaves that are green turn to brown
Oh, je voudais tant que tu te souviennes Des jours heureux où nous étions amis En ce temps-là la vie était plus belle Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle Tu vois, je n’ai pas oublié Les feuilles mortes se ramassent à la pelle Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du Nord les emporte Dans la nuit froide de l’oubli Tu vois, je n’ai pas oublié La chanson que tu me chantais
C’est une chanson qui nous ressemble Toi tu m’aimais, et je t’aimais Nous vivions tous les deux ensemble Toi qui m’aimais, moi qui t’aimais
Mais la vie sépare ceux qui s’aiment Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants désunis
La, la, la, la La, la, la, la La, la, la, la La, la, la, la La, la, la, la La, la, la, la La, la, la, la La, la, la, la
Mais la vie sépare ceux qui s’aiment Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants désunis
Autumn leaves under frozen souls Hungry hands turning soft and old My hero cried as we stood out there in the cold Like these autumn leaves I don’t have nothing to hold
Handsome smile wearing handsome shoes Too young to say, though I swear he knew And I hear him singing while he sits there in his chair While these autumn leaves float around everywhere
And I look at you and I see me Making noise so restlessly But now it’s quiet and I can hear you singing «My little fish don’t cry, my little fish don’t cry»
Autumn leaves are fading now That smile I lost, well I’ve found somehow ‘Cause you still live on in my father’s eyes These autumn leaves, all these autumn leaves All these autumn leaves are yours tonight
Né en 1907 près de Bruxelles, le jeune Georges Remi est un enfant turbulent qui se passionne pour le dessin. Il subit l’occupation allemande de la Première Guerre mondiale. Amateur de scoutisme durant son adolescence, ses premiers dessins sont publiés dans des revues scouts de Belgique. Il prend alors pour pseudonyme Hergé, formé à partir des initiales de son nom et prénom (RG). En 1925, il commence à travailler pour le journal Le Vingtième Siècle. Il se voit confier à partir de 1928 la responsabilité du lancement du Petit Vingtième, un supplément jeunesse comportant des pages de bandes dessinées. Dans cet hebdomadaire, Hergé va créer plusieurs personnages. Le plus célèbre d’entre eux, Tintin, voit le jour en 1929. Les voyages de ce jeune reporter connaissent un succès retentissant en Belgique dès les premières semaines de parution.
En 1932, Hergé épouse sa première femme Germaine Kieckens. Au début de la Seconde Guerre mondiale, la Belgique est annexée par l’Allemagne nazie. Le Vingtième Siècle cesse de paraitre et Hergé est engagé par le journal Le Soir, qui devient sous l’occupation un journal collaborationniste. Après la Libération, Hergé est soupçonné de collaboration et d’antisémitisme, comme beaucoup de personnes ayant travaillé au Soir. Il est pendant un temps interdit de publication. La création des Éditions du Lombard en 1946 permet la diffusion du Journal de Tintin et le retour d’Hergé, nommé directeur artistique du projet. A partir des années 1950, le phénomène Tintin prend une ampleur mondiale. Des adaptations et produits dérivés voient le jour dès 1959. Fatigué par plusieurs épisodes de dépression et des problèmes de santé, Hergé ne peut plus garder la même productivité qu’auparavant. En 1977, il divorce et se remarie avec Fanny Rodwell, aujourd’hui propriétaire d’une partie des droits sur l’œuvre de son mari. Hergé s’éteint en 1983 à l’âge de 75 ans.
Hergé crée le personnage de Tintin en 1929, alors qu’il cherche de nouvelles idées de personnages à intégrer dans Le Petit Vingtième. L’apparence de Tintin est probablement inspirée du personnage de Totor, dessiné par Hergé entre 1926 et 1930 pour Le Boy-scout belge. Il va faire vivre à ce jeune reporter et son fidèle chien Milou de nombreuses enquêtes à travers le monde. La première se déroule en URSS et est intitulée Tintin au pays des Soviets. L’idée a été soumise à Hergé par le directeur du Vingtième siècle, Norbert Wallez, hostile aux idées communistes et fervent admirateur de Mussolini. Cette bande dessinée hebdomadaire gagne en popularité en Belgique et attire l’attention de la maison d’éditions Casterman. Hergé y signe un contrat en 1934 pour compiler et publier Les Aventures de Tintin en albums. C’est vers cette période que l’auteur commence à effectuer des recherches plus poussées pour ses histoires. Sa rencontre et son amitié avec le sculpteur Zhang Chongren, alors étudiant, a une influence dans sa manière de raconter l’histoire du Lotus bleu. Hergé a collaboré avec d’autres auteurs de bandes dessinées célèbres comme Edgar P . Jacobs et Jacques Martin. Ces derniers l’ont aidé pour la refonte graphique et la colorisation, mais conseillent aussi Hergé sur les histoires de Tintin. La dernière aventure, Tintin et l’Alph-Art, est publiée à titre posthume et demeure inachevée. La série est aujourd’hui vendue à plusieurs centaines de millions d’exemplaires et traduite dans près d’une centaine de langues.
Tintin a été adapté au cinéma à plusieurs reprises. Il a également fait l’objet de plusieurs adaptations en dessins animés. On peut mentionner les histoires originales créées dans les années 60 comme Tintin et le Mystère de la Toison d’Or (1961) et Tintin et les Oranges bleues (1964). Elles sont jouées par de vrais acteurs, avec Jean-Pierre Talbot dans le rôle de Tintin. Un film en images de synthèse réalisé par Steven Spielberg, Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne, est sorti en 2011. Une histoire originale en dessin animé intitulée Tintin et le Lac aux requins sort en 1972. Enfin, on dénombre deux séries animées notables qui adaptent les bandes dessinées Tintin. La première, Les Aventures de Tintin, d’après Hergé, commence en 1959 et s’achève en 1964. Elle est produite par les studios Belvision. La plus connue aujourd’hui reste cependant la seconde, Les Aventures de Tintin, commencée en 1991 et plus fidèle aux albums d’Hergé. Elle est le fruit d’une collaboration franco-canadienne, produite par Ellipse et Nelvana.
Même si Hergé est principalement connu pour Les Aventures de Tintin, il est également à l’origine d’autres séries de bandes dessinées. Chronologiquement, Les Aventures de Totor, C. P. des Hannetons sont les premières histoires qu’il publie à partir de 1926. Totor, un scout débrouillard, possède de nombreuses similitudes avec Tintin et semble avoir été une source d’inspiration pour la création de ce dernier. Dès la création du Petit Vingtième, Hergé dessine L’Extraordinaire aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet (1928-1929), une histoire centrée sur plusieurs enfants et leur cochon gonflable. En 1930, un an après le début de publication de Tintin, Hergé décide de créer une nouvelle bande dessinée, mais avec un format plus court, Quick et Flupke. Centrée sur les farces de deux enfants vivant à Bruxelles dans le quartier des Marolles, la série connaît un certain succès pendant les cinq premières années. Comme les albums de Tintin, elle va subir une colorisation et une refonte graphique, puis être compilée en 12 volumes par Casterman. En 1934 paraît Popol et Virginie au pays des Lapinos. On y suit le voyage de deux oursons en pleine conquête de l’Ouest. Enfin, dans Les Aventures de Jo, Zette et Jocko (1936), deux frère et sœur et leur fidèle chimpanzé Jocko vivent des aventures aux quatre coins du globe. La série compte un total de cinq volumes, encore une fois édités par Casterman.
Qui sont ceux qui ont inspiré les personnages de Tintin
Avec 230 millions d’albums vendus dans le monde, impossible d’être passé à côté des personnages cultes de George Remi, alias Hergé. 87 ans qu’ils existent et autant de générations qui ont suivis leurs aventures aux quatre coins du monde, du château de Moulinsart au Tibet,en passant par la Lune. Mais les connaît-on vraiment ? Rendu célèbre par sa fameuse ligne claire, son réalisme et son sens de la représentation, celui que beaucoup considèrent comme « le père de la bande dessinée européenne » prenait plaisir à puiser dans son quotidien et dans l’actualité pour inspirer décors, atmosphères et personnages.« Si je vous disais que dans Tintin j’ai mis toute ma vie », on lui répondrait « Et sans doute un peu de celle des autres ». Alors que le Grand Palais rend hommage au dessinateur belge dans une exposition à l’affiche jusqu’au 17 janvier 2017, retour sur ces hommes et femmes, réels ou non, qui ont inspirés ces fameux personnages dont les bulles sont traduites dans plus d’une centaine de langues. Rendons à César, ce qui est à César.
Maria Callas Le fameux rossignol milanais des Aventures de Tintin ne pouvait pas avoir un autre modèle. Librement inspirée par celle que l’on surnommait la Diva, la Castafiore en est sa version cartoonesque. La vraie a boulversée les codes de l’interprétation lyrique par son timbre de voix et l’étendue de son répertoire, devenant ainsi l’une des plus grandes cantatrices du XXème siècle. La fictive est surtout connue pour pourrir la vie de son entourage et plus particulièrement celle du Capitaine Haddock (qu’elle affectionne tout particulièrement) avec son morceau préféré, le seul qu’elle interprète en sept albums de Tintin : L’air des Bijoux, chanté par le personnage de Marguerite dans Faust de Charles Gounod. Si Maria Callas l’a surement interprété au cour de sa carrière, l’Histoire ne dit pas si, comme la Castafiore, elle revint sur scène pour quinze rappels… C’est dans Paris-Match (une de ses sources favorites) que le dessinateur trouvait images et détails sur la vie de la cantatrice la plus célèbre de son époque. Tante NiniePour ce personnage, Hergé se serait également inspirée de sa tante Ninie, qui, lorsqu’il était enfant, avait l’habitude de faire partager à toute la famille la puissance de ses cordes vocales. Traumatisant à vie le petit George Remi et installant à jamais, chez lui, une aversion pour l’opéra.Morceau choisi« Aaaaaaaah ! Je ris de me voir si belle en ce miroir! Est-ce toi Marguerite? Est-ce toi ? Répond moi ! Répond , répond , répond, répooooooond ! »
Capitaine Craddock« Quel est celui de tous mes personnages que je préfère ? Je crois bien que c’est le capitaine Haddock. Il a tellement de défauts que je le reconnais presque comme un ami intime […] », voilà ce qu’en disait Hergé. En effet, coups de gueule, maladresse et tempérament de feu sont l’apanage du Capitaine Haddock, sans doute le plus proche ami de Tintin après Milou. Quant aux origines de celui que ses intimes appellent Archibald, il faut aller les chercher dans un obscure film franco-allemand de Hanns Schwartz et Max de Vaucorbeil, Le Capitaine Craddock, avec l’acteur Jean Murat dans le rôle éponyme. Grand fan, Hergé fait même chanter une chanson de ce film à son personnage dans Le Crabe aux pinces d’or : Les Gars de la marine.À poisson fumé Mais d’après la première femme du dessinateur le nom de « Haddock » viendrait simplement d’un « triste poisson anglais ». Le mot français d’origine anglaise désigne également de l’églefin fumé. Sympa.Morceau choisi« Au large, flibustier ! Hors de ma vue, gibier de potence ! Sapajou ! Marchand de tapis ! Paranoïaque ! Moule à gaufres ! Cannibale ! Ornithorynque ! Boit-sans-soif ! Bachi-bouzouk ! Anthropophage ! Cercopithèque ! Schizophrène ! Heu… Jocrisse ! Pirate ! Ectoplasme ! Coloquinte ! Rapace ! Trompe-la-mort ! Ostrogoth! Vandale ! »
Hergé Tintin, 16 ans pour toujours, un chien pour seul famille, reporter que personne n’a jamais vu rédiger un seul article, houpette légendaire et coeur pur, n’a au premier abord que très peu si ce n’est aucune ressemblance avec son créateur. Et pourtant : « Plus ou moins volontairement, je me suis » mis » dans mes héros, dans Tintin surtout, qui m’offre une image parfaite, trop parfaite de ce que je voudrais être […] Tintin c’est moi… Ce sont mes yeux, mes sens, mes poumons, mes tripes ! Je crois que je suis seul à pouvoir l’animer, dans le sens de donner une âme ».L’explication d’Hergé se suffit à elle même.Morceau choisi« Une boîte à conserve + un noyé + cinq fausses pièces + Karaboudjan + un Japonais + une lettre + un enlèvement = un fameux casse-tête chinois… »
Augsute Piccard Dur de la feuille, pour ne pas dire complètement sourd, un peu timbré, portant la moustache, la barbichette, les lunettes rondes et parfois le chapeau melon, ce cher Tryphon doit son physique quelque peu ingrat au physicien suisse Auguste Piccard. Si le premier est pratiquement nain, le second était plutôt élancé. Hergé expliquait cette différence par le fait qu’il avait besoin de faire rentrer Tournesol dans les cases, faisant ainsi de lui un « mini-piccard ». Tout deux partagent une passion commune : l’exploration de la verticalité par des moyens hydrostatiques (pour les non-initiés, grâce à des fusées ou sous-marins). Vaste programme… Yves RocardLes scientifiques qui utilisent un pendule (ce petit poids pendu à un fil que le professeur Tournesol trimballe partout avec lui) ne sont pas si répandus. Concrètement il n’y en a que deux de notoires : Tryphon et le professeur Yves Rocard (1903-1992) du Collège de France, connu pour ses travaux sur la radiesthésie et donc lui aussi totalement fana de pendules.Morceau choisi « C’est inouï ! C’est prodigieux ! C’est incroyable ! Dire que dans quelques minutes, ou bien nous marcherons sur le sol de la Lune, ou bien nous serons tous morts ! C’est merveilleux ! »
Zhang ChongrenAmi de Tintin, Tchang Tchang-Jen a bien existé. Un beau jour de mai 1934, on présente à Hergé un jeune homme brun, fluet, aux traits asiatiques. Il s’appelle Zhang Chongren et a quitté sa Chine natale pour étudier les beaux-arts dans la capitale belge. Pendant plus d’un an, tous les dimanches, Zhang servira de coach à Hergé pour dessiner Le Lotus Bleu. De ce travail commun est né une amitié profonde qui a souvent alimenté les fantasmes d’une relation amoureuse… Le Tchang de papier semble être le premier vrai ami de Tintin, qu’il rencontre durant son voyage en Chine dans Le Lotus Bleu. En le quittant pour l’Europe, le petit reporter belge verse quelques-unes des très rares larmes de sa carrière. Heureusement, ils se recroiseront dans Tintin au Tibet et les Bijoux de la Castafiore.Morceau choisi« Il y a un arc-en-ciel dans mon coeur, Vénérable ! Je pleure le départ de Tintin et je ris de retrouver un papa et une maman ! »
Présents dans pratiquement tous les tomes des Aventures de Tintin (20 albums sur 24), les Dupondt sont en général synonymes de catastrophes en tout genre. Sosies parfaits, les deux policiers ne se distinguent qu’à leur moustache. Dupont la taille droite et Dupond la taille recourbée vers l’extérieur. Facile. Les exégètes de Tintin ont toujours cité le père et l’oncle d’Hergé pour percer le mystère de Dupont et Dupond. Alexis et Léon Rémi qui étaient de véritables jumeaux – contrairement aux deux agents de la police judiciaire qui ne seraient que de simples sosies – s’habillaient à l’identique : canotier, canne et chemise blanche. Sans oublier la belle moustache bien fournie. En créant les Dupondt, Hergé a expliqué vouloir montrer cette catégorie de gens qui « parce que le devoir est censé le leur imposer, arrêtent sans dilemme de conscience particulier un ami et font passer leur conscience professionnelle avant leur humanité ». À chacun de faire ses propres suppositions…Morceau choisi Dupond : « Et hop ! Encore un mirage ! » Dupont: « Tu crois ? Ça n’en a pas l’air. À ta place je ferais une petit virage et… » Dupond: « Moi, faire un virage pour un stupide rimage ? Euh…Un rivage pour un mirage…Non, un mirage pour un virage…euh…Enfin, jamais de la vie : je continue tout droit. »
Guantanamera, una canción cubana cantada por todos
Genial y sencilla, Joseíto Fernandez concibió su canción, catalogada por los expertos como guajira-son. El autor simplemente quería que su obra hablara de cualquier cubano y que todos la cantaran. Tal como lo quiso, pudo disfrutarlo en vida, así lo reconoció en unas declaraciones a la prensa de su época: “Es una melodía que admite versos de cualquier tipo; compuestos en cuartetas o décimas, y lo mismo felicitábamos a la muchacha de Villa Clara, que pedíamos clemencia para un trabajador cesante, por la CMCO”.
No obstante las múltiples polémicas sobre el origen de este canto y su melodía, sin dudas nacido del folclor cubano, lo cierto es que “La Guantanamera” se transformó en diferentes momentos históricos para ser conocida en el mundo entero, sin perder su simbolismo, inequívoco referente de cubanía.
En las décadas del 30, el 40 y el 50 del siglo pasado, difundida en la radio y la televisión comerciales de entonces, esta canción marcó en Cuba un suceso musical, publicitario y hasta de propaganda política en la denuncia de los asesinatos cometidos por las fuerzas policiales y el ejército de la República en esos años.
El norteamericano Pete Seeger incorporó “La Guantanamera” al repertorio de su grupo, The Weavers ,y el 8 de junio de 1963, durante un concierto en el Carnegie Hall de Nueva York, quedó grabado el tema en un disco de larga duración. Desde ese momento comenzó la popularidad internacional de la obra, que a lo largo del tiempo ha florecido en más de 150 versiones realizadas por reconocidos intérpretes e instrumentistas como el Trío The Sandpipers, Richard Clayderman, Libertad Lamarque, José Feliciano, Tito Puente, Julio Iglesias, Marco Antonio Muñíz, Joan Baez, Los 5 Latinos, Celia Cruz, Compay Segundo, entre otros.
Y como el buen arte trasciende fronteras y diferencias idiomáticas y culturales, también esta canción ha sido versionada como “You only sing when you’re winning” (Sólo cantas cuando estás ganando), uno de los cantos más populares de fútbol entre los aficionados británicos.
A Julián Orbón, músico hispano-cubano, se le atribuye un aporte vital a la composición, el reajuste de la melodía para incorporar los versos sencillos de José Martí, un sello sin igual del contenido patriótico de la canción, a partir de que es Martí el Héroe Nacional Cubano. Tal vez inspirados por el espíritu de fundar la República con Todos y para el bien de Todos, 75 artistas cubanos grabaron “La Guantanamera” en una producción musical que abarcó varias ciudades del mundo.
Esta iniciativa impulsada por la fundación Playing for Change, reunió en Cuba las grabaciones de Carlos Varela, X Alfonso, Síntesis, los pianistas Hernán López Nussa y Michelle Fragoso, Luis Conte en la percusión, Gastón Joya en el bajo y la cantautora Diana Fuentes, además de otros músicos y cantantes; mientras que en Miami grabaron Alexander “Pupi” Carriera, el tresero Joel Peña, la cantante Aymeé Nubiola, Carlos Puig y Luis Bofill. Como resultado se estrenó un videoclip en 2014 homenajeando “La Guantanamera”.
Dentro y fuera de la Isla, esta canción representa a los cubanos y su riquísimo folclor, así como rinde homenaje a la obra poética del más universal de todos los nacidos en la Mayor de las Antillas, quien aseguró que la música es la más bella forma de lo bello.
Lo vimos muchas veces por el barrio de Los Sitios, en Centro Habana. Caminaba con elegancia y ritmo aquel hombre alto y huesudo que, vestido invariablemente de guayabera y pantalón blanco y tocado con un jipijapa auténtico, parecía un Quijote tropical. Era Joseíto Fernández, El Rey de la Melodía, el creador de la famosísima Guajira guantanamera, la pieza musical cubana, junto con El manisero, de Simons, y La comparsa, de Lecuona, más difundida en el mundo.
Esa melodía no es guajira ni tampoco guantanamera. Quiere decir esto que no es oriunda de la provincia cubana de Guantánamo ni pertenece al género musical conocido como guajira. Joseíto Fernández la creó en 1928, en tiempos en que se iniciaba como cantante de sones, y la estrenó en la radio en 1935. Fue, a partir de 1940, el tema que identificó a su orquesta hasta que tres años después el cantante era contratado en exclusiva por una firma jabonera para que la interpretara en el programa radial El suceso del día, que escenificaba hechos de la crónica roja. Un poeta repentista componía la décimas o espinelas que recreaban el suceso criminal, y Joseíto las cantaba incorporándole el conocido estribillo de “Guantanamera, guajira guantanamera”. Aquello llegó a ser tan popular que, aunque el programa desapareció en 1957, todavía se oye decir en Cuba que a alguien le cantaron la Guantanamera cuando ha llevado la peor parte en un incidente desafortunado.
No es esa la Guantanamera que hoy recorre el mundo ni la que se repite en la Isla. Sino la que lleva versos de José Martí. En los años 50 Julián Orbón, compositor español avecindado en La Habana, la versionó con los Versos sencillos del Apóstol de la Independencia de Cuba, cuya métrica se ajustaba a las coplas de ocho compases que interpretaba Joseíto. En 1962, el músico Héctor Ángulo, becado en EE UU por el Gobierno Revolucionario, cantó esa versión en un campamento de verano de ese país. Así la escuchó Pete Seeger y la grabó poco después con el título de La guantanamera.
Sería a partir de esa grabación que algunos musicólogos se aventuraron a decir que Guajira guantanamera era una tonada hecha por el pueblo, un aire folclórico del que Joseíto se había apropiado. No hubo tal cosa. No se trata de un género anónimo, como el guaguancó o el son, sino de una guajira-son escrita en compases de dos por cuatro, a diferencia de las guajiras de Anckermann, que tomó elementos del punto y de la clave de raíces españolas y están escritas en compases de seis por ocho. El hecho de que ningún testimonio literario pruebe su similitud con otra tonada, confirma su originalidad, aunque tenga giros y cadencias parecidos al punto, la guajira y el son.
Hay algo más importante y definitivo. La versión cantada por Seeger tiene los elementos melódicos que se aprecian en la versión de la Guantanamera que para la disquera Víctor hizo Joseíto Fernández con su Orquesta Típica en 1941. En ese mismo año, su autor la registraba con el título de Mi biografía y el subtítulo de Guajira guantanamera.
Para Joseíto fue siempre un honor que versos de Martí se incorporaran a su melodía. Él mismo llegó a cantarla en esa versión y lo hizo como habitualmente se hace en la Isla: incorporando casuísticamente nuevas estrofas martianas y suprimiendo otras, a diferencia de la versión de Seeger, que incluye siempre los mismos versos. Afirmó en una ocasión que la Guantanamera fue siempre una canción protesta, de denuncia, porque recogía la tristeza y la desgracia de un pueblo y que, al pedir bienestar y justicia para ese pueblo, los reclamaba también para sí.
Porque aquel hombre íntegro, complaciente y amable, habanero hasta la muerte, tuvo un origen muy humilde que nunca olvidó. A los doce años había comenzado como aprendiz de zapatero, pero en la Compañía Nacional de Calzado, donde laboraba, solo percibía un peso diario cuando había trabajo, que era durante tres o cuatro meses al año. Vendía periódicos cuando quedaba parado y las serenatas que ofrecía con otros músicos de su edad le ayudaban a acopiar algunos pesos.
Así se convirtió en el cantante del sexteto Juventud Habanera. Trabajó después con otras agrupaciones musicales hasta que alcanzó popularidad con la orquesta de Raymundo Pía. Con ella recorrió la Isla y se presentó en bailes y emisoras radiales. Logró al fin conformar su propia orquesta y fue ahí que empezó a usar como tema la Guajira guantanamera. Con ella, en sus presentaciones en vivo o por radio, lo mismo felicitaba a una muchacha de Cabaiguán por su cumpleaños que pedía clemencia para un chofer de ómnibus involucrado en un accidente de tránsito.
Joseíto Fernández nació el 5 de septiembre de 1908 y murió el 11 de octubre de 1979.
Yo soy un hombre sincero De donde crecen las palmas Yo soy un hombre sincero De donde crece la palma Y antes de morir yo quiero Echar mis versos del alma
Y antes de morir yo quiero Echar mis versos del alma
Con los pobres de la tierra Quiero yo mi suerte echar Con los pobres de la tierra Quiero yo mi suerte echar El arroyo de la sierra Me complace mas que el mar El arroyo de la sierra Me complace más que el mar
Tiene el leopardo un abrigo En su monte seco y pardo Tiene el leopardo un abrigo En su monte seco y pardo Yo tengo más que el leopardo Porque tengo un buen amigo
Edith Piaf: biographie de la Môme de la chanson française
La vie d’Edith Piaf fut brève et intense, le destin la rattrapant toujours lors de brefs instants de bonheur. La «Môme»n’aura jamais su se guérir des blessures de l’enfance et des désillusions de l’amour. Elle a dédié sa vie à son public, sa relation la plus fidèle et la plus sincère. Issue d’une famille d’artistes de rue, Edith Giovanna Gassion naît à Paris dans le quartier de Belleville, le 19 décembre 1915. Son père est contorsionniste dans un cirque itinérant. Sa mère est chanteuse. Edith ne connaît pas l’existence banale d’une enfant et mène une vie déstructurée. Elle fait face à la solitude et aux premières déceptions, lorsque sa mère l’abandonne pour gagner sa vie. Son père, soucieux du bien-être de sa fille, prend la décision de la protéger et la confie à sa grand-mère paternelle, patronne d’une maison close en Normandie, avant de partir au front.
À huit ans, Edith développe une maladie des yeux, la kératite. Elle devient aveugle, mais s’en sort miraculeusement. À la fin de la guerre, Edith et son père repartent sur les routes, où tous deux mènent une vie de Bohème. C’est en l’accompagnant lors de ses spectacles de rue que l’adolescente se découvre un talent pour la chanson. Elle dispose d’une voix unique qui va lui permettre d’atteindre le firmament des stars. À 15 ans, fatiguée de cette vie itinérante, Edith part vivre sa vie. Elle rencontre son premier amour Louis Dupont, qu’elle surnomme affectueusement «P’tit Louis». En 1933, une petite Marcelle naît de leur rencontre. Cependant, le bonheur est de courte durée. À deux ans, Marcelle meurt d’une méningite foudroyante.
Edith Piaf devient «La Môme»
Edith repart dans le Paris dépravé noyer son chagrin. Elle est souvent accompagnée de sa meilleure amie, Simone, dite «Momone». Les deux amies sont inséparables et font les quatre cent coups ensemble. Parallèlement à cette vie de débauche, Edith chante dans les rues de Pigalle et de Belleville où elle commence, grâce à son don, à gagner sa vie. C’est le plus grand des hasards qui met Louis Leplée sur sa route. Gérant du cabaret Le Gerny’s des Champ Élysées, il est le premier homme à lui faire confiance. Il l’engage dans son cabaret et la rebaptise «La Môme Piaf». Comme l’oiseau, Edith, malgré sa petite taille (1m47) dégage une force de caractère inégalable et une voix hors du commun. Elle est très vite repérée par le Paris artistique de l’époque. Jacques Canetti, l’un des producteurs les plus influents du moment, est immédiatement impressionné. Il la signe sur son label Polydor où elle enregistre son premier disque «Les mômes de la cloche».
Cependant, le destin la rattrape une nouvelle fois lorsque Louis Leplée est assassiné. Ce fait divers, relayé dans la presse de l’époque, ternit un temps la carrière d’Edith. Elle ressort profondément meurtrie de cet épisode mais se relève pourtant. Sa rencontre avec Raymond Asso lui redonne de nouveaux espoirs. Amoureux de Piaf, ce dernier insiste pour lui faire écouter «Mon légionnaire» sur une musique de Marguerite Monnot, qui sera l’amie d’Edith jusqu’à la fin de sa vie. Il devient son auteur attitré, son amant et son coach vocal. En janvier 1937, Edith enregistre «Mon légionnaire». «La Môme» n’est plus, ce sont les premiers débuts d’Edith Piaf.
Premières chansons et premiers succès pour Piaf
À seulement 23 ans, Edith Piaf trouve son premier engagement. Sous les conseils de Raymond Asso, elle est formée pendant des mois pour devenirune grande artiste du Music Hall. Elle fait ses premiers pas sur la scène de l’ABC où elle connaît son premier triomphe. Très vite, elle passe en tête d’affiche à Bobino. Edith devient une star et se tourne vers de nouveaux horizons sans abandonner la chanson. Elle rencontre le comédien Paul Meurisse qui sera son amant pendant deux ans.
En 1944, Piaf est une artiste accomplie. Sa rencontre avec Yves Montandest une nouvelle étape dans sa carrière. Elle le prend sous son aile et fait de lui un artiste. Parallèlement, elle noue une relation amoureuse avec lui. À l’écran, on peut voir le couple dans le film»Etoiles de la lumière». Toute sa vie, la chanteuse ne cessera de mêler ses liaisons à sa vie artistique, aidant ses amants à accéder à la célébrité. Edith révèle également un talent pour l’écriture. A la fin de l’année 1945, elle écrit l’un de ses plus célèbres succès internationaux «La vie en rose».
Edith Piaf, entre musique et films
C’est auprès de Paul Meurisse qu’Edith Piaf a fait ses débuts au théâtre dans «Un bel indifférent», puis au cinéma dans «Montmartre sur scène». Sur ce dernier tournage, elle fait la rencontre de Henri Contet qu’elle prend comme nouveau pygmalion et qui sera un des auteurs majeurs de sa carrière. Son talent pour l’art dramatique lui vaudra de tourner dans une dizaine de films.Pendant l’occupation allemande, Piaf continue à chanter tout en faisant acte de résistance dans des textes aux messages cachés. Après la guerre, Edith Piaf continue d’apparaître sur grand écran, dans plusieurs films où elle joue son propre rôle, notamment dans «Paris chante toujours» de Pierre Montazel en 1952 ou dans «Boum sur Paris» de Maurice de Canonge, en 1954.
Marcel Cerdan, le grand amour d’Edith Piaf
Pourtant, Edith Piaf n’est pas comblée par le succès. Elle pense déjà étendre sa carrière à la conquête de nouveaux territoires. En 1947, elle lance la carrière des Compagnons de la chanson. Ensemble, ils chantent «Les trois cloches» et embarquent pour les États-Unis où ils connaissent un succès relatif. Pourtant, elle s’installe dans un cabaret huppé de Manhattan. Elle conquiert peu à peu le cœur des Américains. C’est d’ailleurs aux Etats-Unis que Piaf fera ses plus belles rencontres. Elle croise le chemin de Marlene Dietrich qui restera l’une de ses plus fidèles amies et de Marcel Cerdan, l’amour de sa vie.
Le boxeur français est marié, mais la passion qu’il vit avec Edith n’a pas d’égal. Ce couple restera l’un des plus magiques et des plus tragiques du XXème siècle.Marcel Cerdan meurt dans un accident d’avion, le 27 octobre 1949,alors qu’il venait rejoindre Edith, à New York. La môme ne se remettra jamais de ce nouveau coup du destin. Elle surmonte l’épreuve dès le lendemain en montant sur scène et livre une interprétation poignante de «L’hymne à l’amour», qu’elle dédie à son amour perdu. Mais c’est une femme brisée par le chagrin qui naît ce soir là et le désespoir, mué en dépressions chroniques, ne la quittera plus jamais.
Edith Piaf et l’incontournable titre «La foule»
Dès 1950, Piaf refait surface et chante à la salle Pleyel. Elle fait également bientôt la rencontre de Charles Aznavour. Ce dernier multiplie les casquettes. Il est son chauffeur, son secrétaire, mais aussi son confident. Il lui écrit quelques titres dont l’adaptation française de «Jezebel» et «Plus bleu que tes yeux». Piaf est encore une fois à l’origine d’une carrière prometteuse. En 1951, une nouvelle épreuve attend la chanteuse. Elle subit deux accidents de voitureet en ressort fragilisée. Elle est contrainte d’apaiser ses douleurs par dela morphine, qu’elle mélange avec de l’alcool. Cette consommation devient une dépendance et l’anéantira physiquement.
La fin de la vie d’Edith Piaf est à l’image de sa destinée, entre succès professionnels et désespoirs sentimentaux. Edith poursuit son rêve de princesse en épousant Jacques Pills, un chanteur français, mais le mariage, célébré à New York, sera de courte durée. En 1953, Edith Piaf commence à se reprendre en main et subit sa première cure de désintoxication. L’entourage cache l’état de la grande dame à la presse. La chanteuse reste même des mois sans sortir de chez elle.
C’est grâce au métier qu’Edith revient à la vie, notamment lors de sa rencontre avec son public à l’Olympia en 1955. Elle repart à l’assaut des États-Unis, jusqu’à la mythique salle du Carnegie Hall de New York, où elle est accueillie avec émotion. En 1957, elle fait une ultime cure de désintoxicationà New York qui la débarrasse de ses vieux démons. La même année, Edith Piaf signe l’un de ses plus grands tubes, «La foule», inspiré de «Que nadie sepa mi sufrir», un morceau d’Enrique Dizeo qu’elle avait rencontré lors de sa tournée en Argentine.
Edith Piaf et la naissance de «Milord»
Jusqu’à la fin de sa vie, Piaf sera professionnellement comblée. Elle vivra pour son public quitte à s’épuiser sur scène. À partir de ce moment, elle se fera plus discrète. C’est à ce moment-là que Georges Moustaki entre dans la vie d’Edith Piaf. Il lui fait écouter quelques unes de ses compositions mais, déstabilisé, joue de manière lamentable. Piaf persévère en lui proposant de venir la voir lors du récital qu’elle joue le soir même. Ils seront amants pendant plus d’un an et vivront une passion tumultueuse. Le parolier lui écrira plusieurs titres de son répertoire dont le célèbre «Milord», parue en 1959, sur une musique de Marguerite Monnot. Il quitte cependant Piaf peu après un accident de voiture qu’ils ont ensemble en 1958, qui la fragilise et qui aggrave les problèmes de santé de la chanteuse et sa dépendance à la morphine.
En 1963, la mort d’Edith Piaf
En 1961, elle revient néanmoins sur scène pour sauver la célèbre salle parisienne, l’Olympia, de la faillite. Elle y livre son dernier testament «Non, je ne regrette rien» et, épuisée, s’écroulera sur scène à de multiples reprises. À l’été 1961, elle rencontre le dernier homme de sa vie, Théo Sarapo, un jeune chanteur grec de 26 ans. Elle l’épouse l’année suivante. Edith Piaf décède le 10 octobre 1963 dans sa résidence du sud.Elle n’a que 47 ans, mais les excès et les souffrances de la vie lui en donnent 20 de plus. Toute son existence, Piaf aura vécu pour les autres, pour son public, pour ses amants. Une vie jonchée de tragédie, pour un nom qui restera à jamais gravé dans la musique française.
Jusqu’à sa mort inattendue en 1963, Edith Piaf enchaîne les chansons à succès et s’affirme comme une icône de la scène française. Cette image la suit et la propulse au statut de légende voire mythe.
Encore aujourd’hui, ses chansons sont murmurées entre les générations, chantées à tue-tête dans les soirées, ou même utilisées comme référence au cinéma.
Enfance et mensonges
Édith Giovanna Gassion, plus connue sous le nom d’Édith Piaf, est née le 19 décembre 1915 à Paris. Au 72, rue de Belleville, dans le 20e arrondissement de Paris, lieu où elle serait née, se trouve une plaque apposée au mur en 1966. Très vite, une légende autour de sa naissance se crée. Édith Piaf aurait été «abandonnée à deux mois par sa mère, enlevée par une de ses grand-mères, frappée de cécité puis miraculeusement guérie…», explique au Point Robert Belleret, auteur de la biographiePiaf, un mythe français.
Le journaliste retrace dans son oeuvre, documents officiels à l’appui, la véritable enfance de la chanteuse. «À deux ans, elle vit dans le bordel que tient sa grand-mère paternelle. Elle fréquente très peu l’école : elle a une intelligence extrêmement vive, mais pas de culture.» Bien qu’elle n’ait jamais été aveugle, elle avait néanmoins «des problèmes aux yeux».
Elle a su entretenir son mythe et développer le mystère. Elle ne parlera jamais de son père «contorsionniste» et «il faut le dire, sale type». Elle taira aussi le reste de «sa famille où tout le monde, oncles, tantes, cousins, cousines, est acrobate, artiste, saltimbanque».
C’est pourtant en accompagnant son père sur la route des spectacles, qu’elle découvre son talent et sa passion pour le chant. Ces mystères, voire ces quelques mensonges, ont continué à l’âge adulte, pendant l’Occupation.
«Elle aurait pu se contenter de dire qu’elle avait été obligée d’aller chanter en Allemagne, qu’il s’agissait pour elle d’apporter un peu de réconfort aux prisonniers français. Mais non ! Elle invente un énorme canular en faisant croire que plus de 100 prisonniers se sont évadés grâce à elle – prisonniers dont on n’a évidemment pas trace, et qui ne se sont jamais manifestés», raconte Robert Belleret.
«La Môme Piaf» avant Édith
Dans les années 1930, Édith Piaf quitte sa vie itinérante pour se lancer dans une carrière solo à l’âge de 15 ans. Elle commence par chanter dans les rues, toujours accompagnée de sa meilleure amie Simone Berteaut, dit «Momone». Elle se produit dans les rues de Pigalle et de Belleville.
Puis, par hasard, elle rencontre le gérant d’un cabaret. Louis Leplée, directeur de Le Gerny’s des Champ Élysées, l’engage et la rebaptise. Son premier nom de scène est «La Môme Piaf». Sa voix transperce l’univers artistique de Paris, elle commence à se faire un nom et être repéré ici et là.
Jacques Canetti, un producteur très réputé à l’époque, est envouté par sa voix. Après l’avoir fait signer dans son label Polydor, Édith Piaf enregistre son premier disque en 1936, Les mômes de la cloche.
Mais tout bascule lorsque Louis Leplée est assassiné. Les soupçons pèsent sur les artistes qui ont travaillé avec lui. Fautes de preuves, l’affaire est classée. Mais Édith Piaf et sa carrière sont entachées par cette histoire.
Elle se relève en faisant la connaissance de Raymond Asso. Il devient son auteur attitré, ainsi que son amant. Début 1937, elle enregistre Mon Légionnaire. Un titre qui marque le début de sa carrière en tant qu’Édith Piaf, et non plus la Môme.
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Chanteuse et actrice internationale
Elle se produit sur scène, ses chansons passent à la radio, elle connait un véritable triomphe. Elle s’essaye aussi au cinéma et rencontre finalement Yves Montand. L’actrice en tombe amoureuse alors qu’elle joue à ses côtés dans Étoile sans lumière (1946). Elle le prend sous son aile et le propulse sur le devant de la scène.
Elle a fait ses débuts au cinéma dans le film Montmartre sur Seine, sorti en 1941. Cet autre talent lui vaudra de tourner dans une dizaine de films. Après la Seconde Guerre Mondiale, on la retrouve aussi au cinéma interprétant son propre rôle. C’est notamment le cas dans Paris chante toujours de Pierre Montazel en 1952 ou dans Boum sur Paris de Maurice de Canonge, en 1954.
En parallèle de ses nombreuses casquettes, Édith Piaf se met aussi à composer. Fin 1945, elle écrit ce qui sera l’un de ses plus grand succès international, La Vie en Rose.
Elle connaît également un léger succès aux États-Unis grâce au groupe les Compagnons de la chanson, qu’elle lance dans les années 1940. E,, 1947, ils chantent Les trois cloches, et se retrouvent en tournée à New York. Prévu pour une semaine, les Compagnons de la chanson restent quatre mois à l’affiche.
C’est à cette période qu’elle fera ses plus belles rencontres, sa fidèle amie Marlene Dietrich et l’amour de sa vie, Marcel Cerdan. De cette histoire d’amour naît l’iconique chanson Hymne à l’amour.
Edith Piaf et Marcel Cerdan
Toute sa vie, la chanteuse a mêlé sa vie privée et sa vie professionnelle, sa vie d’artiste et sa vie amoureuse, aidant certains de ses amants à accéder à la célébrité. La chanteuse a aussi vécu une succession de drames personnels.
De sa première histoire d’amour avec Louis Dupont, qu’elle surnomme «Ptit Louis», naît une petite fille en 1933. Mais à seulement deux ans, Marcelle meurt d’une méningite foudroyante.
Au cours de sa vie de parisienne et de chanteuse, Édith Piaf aura plusieurs amants comme Raymond Asso mais aussi Yves Montand et Georges Moustaki. Mais c’est à New York qu’elle rencontre l’homme qui a marqué sa vie, Marcel Cerdan.
Le français est un boxer, et surtout déjà marié. Ce qui ne les empêche pas de vivre une histoire passionnelle et magique, mais aussi dramatique. Les deux amants se rencontrent un soir d’été en 1946, dans un restaurant parisien. Leur relation débute en octobre1947, mais prend brutalement fin quelques mois plus tard. Le 27 octobre 1949, Marcel Cerdan meurt dans un accident d’avion, alors qu’il venait la rejoindre à New York.
Très marquée par cette perte, elle aura du mal à s’en remettre. Elle est mariée à Jacques Pills, un chanteur français, entre 1952 et 1956.
À la fin de sa vie, Édith Piaf rencontre Théo Sarapo. Elle épouse le jeune chanteur grec, de 20 ans son cadet, en 1962.
La mort d’une icône
Les dernières années de sa vie, Edith Piaf est rongée par la dépression, l’alcool et sa dépendance à la morphine. Elle fait ses premiers adieux sur scène au Carnegie Hall (New York) puis en 1961 à l’Olympia (Paris). Elle y chante son très connu tire Non je ne regrette rien.
Avec son second mari, Théo Sarapo, elle part vivre dans le Sud de la France, d’abord à Saint-Jean-Cap-Ferrat, puis dans le quartier de Plascassier, à Grasse. Elle donne son dernier concert, très affaiblie, à Lille en mars 1963, quelques mois avant sa mort.
Édit Piaf décède le 10 octobre 1963, à la suite d’une rupture d’anévrisme. Comme elle souhaitait être enterrée à Paris, son corps a été transportée illégalement de Grasse vers la capitale, sans la nuit du 10 au 11 octobre. Le lendemain, un médecin vient à son domicile parisien pour constater le décès. Dans l’annonce officielle publiée à cette époque, Édith Piaf serait morte le 11 octobre à 7h du matin.
Ses obsèques ont lieu le 14 octobre. La veille, 100 000 personnes seraient venues se recueillir devant son domicile. Malgré une courte vie, l’univers musical lui doit des titres intemporels ainsi que la découverte de nombreux artistes comme Charles Aznavour, Yves Montand ou encore Georges Moustaki.
En 2007, Olivier Dahan réalise un film autobiographique sur la chanteuse, intitulé La Môme. C’est Marion Cotillard qui a la lourde tâche d’interpréter l’icône française. Pour ce rôle, elle remporte l’Oscar de la Meilleure actrice. Le film remporte aussi quatre BAFTA, cinq César et un Golden Globe.
Aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent pour faire entrer Édith Piaf au Panthéon. Après Simone Veil et Joséphine Baker, sera-t-elle la prochaine femme à y reposer, au côté des 75 hommes et 6 femmes.
Édith Piaf : l’histoire de la chanson mythique «Non, je ne regrette rien»
Ce n’est pas dans une salle de spectacle mais à la télévision que les Français ont entendu pour la première fois Edith Piaf chanter : Non, je ne regrette rien. Le 2 décembre 1960, en exclusivité pour l’émission Cinq colonnes à la une, elle apparaît petite et frêle dans son éternelle robe noire. Dès qu’elle entonne le premier couplet, l’artiste est métamorphosée, comme transcendée. «Quand je chante, expliqua-t-elle alors, je ne m’appartiens plus. Je ne suis plus là. C’est un état second».
Un coup de foudre musical
Cette chanson, l’artiste l’a enregistrée trois semaines auparavant le 10 novembre 1960 après un réel coup de foudre artistique. «Quand Michel Vaucaire (le parolier) et Charles Dumont (le compositeur) m’ont apporté la première fois Non, je ne regrette rien, ça a été comme une sorte de révélation en moi, c’est-à-dire que j’ai senti qu’il fallait que j’efface tout, que je recommence tout, que je me renouvelle tout à fait», confiait-elle. Charles Dumont avait alors 31 ans et ne croyait guère en ses chances, Édith Piaf lui ayant déjà refusé plusieurs titres. «J’étais dans de graves difficultés financières. J’ai écrit cette chanson dans la colère«, racontait-il en 2013. C’est le parolier Michel Vaucaire, l’époux de la chanteuse Cora Vaucaire, qui insistera pour présenter cette chanson à Edith Piaf.
La chanson de la renaissance
Rendez-vous est pris le 20 octobre 1960. La secrétaire d’Edith Piaf appelle pour annuler, la chanteuse ne se sentant pas bien, mais les deux hommes ne reçoivent pas le message et se présentent à 17 heures à l’adresse de Piaf, 67 boulevard Lannes à Paris. La secrétaire s’apprête à les éconduire quand ils entendent la voix de Piaf crier : «Fais-les entrer puisqu’ils sont là.» Elle les accueille en robe de chambre, chaussons aux pieds. Charles Dumont se met au piano et joue. Elle lui demande alors de recommencer, une fois, deux fois, trois fois… Le musicien se souvient : «A la suite de la troisième fois, elle m’a dit : ‘Ecoutez jeune homme, vous cassez pas la tête, ne vous faites plus de mauvais sang. Cette chanson, elle vous suivra toute votre vie, ce sera un succès mondial et grâce à elle, je vais faire ma rentrée à l’Olympia‘». Il explique aussi qu’elle avait une méthode très particulière: «Quand une chanson lui plaisait, elle la faisait écouter à tous ses amis. J’ai vu défiler tout le monde. J’ai commencé à cinq heures jusqu’à deux heures du matin (…) Je rentre me coucher, le téléphone sonne et elle me dit : ‘Vous pouvez pas revenir me jouer la chanson?’ Je me suis relevé et je suis revenu boulevard Lannes !».
Un retour sur scène triomphal
Victime de graves problèmes de santé et d’addictions, la chanteuse avait quitté la scène un an auparavant, exténuée. Avec Non, je ne regrette rien, elle fait son grand retour et sauve l’Olympia, alors au bord de la faillite. Le 29 décembre 1960, le Tout-Paris s’y presse, ravi de la retrouver. Le journaliste et écrivain Jacques Pessis raconte : «Elle entre sur scène, avance vers le micro et il va y avoir 16 minutes d’applaudissements debout. Du jamais vu dans l’histoire du music-hall». Edith Piaf chante les nouveaux titres composés pour elle par Charles Dumont parmi lesquels Non, je ne regrette rien et fait un triomphe. Pour Jacques Pessis, «Piaf avait le sens des chansons, des paroles et des musiques qui touchaient le public parce qu’elle est née dans la rue, elle y a grandi. Elle a tout de suite compris que dans cette chanson, il y avait une idée, une mélodie qu’elle pouvait chanter. C’est pour ça qu’elle se l’est totalement appropriée». Elle restera en tête du hit-parade de l’époque, la bourse aux vedettes, pendant 48 semaines. C’est l’une des chansons d’Edith Piaf les plus connues dans le monde avec La vie en rose.
L’hymne de la Légion
On a parfois dit et écrit que la môme Piaf avait dédié Non, je ne regrette rien à la Légion Etrangère. Le journaliste Jacques Pessis veut rectifier : «C’est la Légion qui s’est emparée de cette chanson pour en faire un hymne parce qu’elle correspondait à ce que pensent les soldats, ils ne regrettent jamais rien dans les combats.»
On ne compte plus le nombre d’artistes qui ont un jour repris cette chanson mythique : Dalida, Johnny Halliday, Mireille Mathieu, Nicolas Peyrac, Patricia Kaas, Tina Arena… et, bien-sûr, Charles Dumont !
La môme Piaf la chantera jusqu’à la fin de sa vie en 1963. Et Jacques Pessis de conclure : «Piaf n’a jamais rien regretté et surtout pas son retour à la scène en 1960 alors que tout le monde pensait qu’elle ne pourrait pas sortir de son lit. Grâce aux trois ans qui ont suivi sur scène, elle a prolongé sa vie, elle ne vivait que pour la scène.»
La chanteuse s’éteindra le 10 octobre 1963, à l’âge de 47 ans.
Composée en 1956, Non, je ne regrette rien est une chanson dont les paroles sont signées Michel Vaucaire et la musique Charles Dumont. Elle a été enregistrée pour la première fois par Édith Piaf le 10 novembre 1960. À l’époque, Piaf souffrait déjà de polyarthrite. Entre crises de nerfs, colères terribles et souffrances innommables, l’artiste de Belleville – surnommée la môme par Louis Leplée, gérant d’un cabaret sur les Champs-Élysées, qui l’avait repérée dans la rue) – avait perdu le goût de vivre… et de chanter. Sa vie avait été jalonnée de misère et de drames personnels (décès de sa fille Marcelle, accident de voiture, mort de son amant Marcel Cerdan…).Mais également de succès et de bonheurs.
Dans cette chanson qui lui tombait comme un gant, l’interprète se souvient de son passé, du bien comme du mal, et affirme, en faisant table rase de tout et en s’octroyant un nouveau départ, «car ma vie, car mes joies, aujourd’hui, ça commence avec toi». Ce «toi» était déjà ou allait être Théo Lamboukas, le dernier homme de sa vie qu’elle surnommera Théo Sarapo («je t’aime» en grec).
Charles Dumont, son compositeur le plus célèbre et à qui elle doit ce tube, dira que Piaf était «une artiste unique, une voix et une présence scénique sans égales mais, au quotidien, elle n’était pas une extraterrestre, juste un être humain avec ses bons et ses mauvais jours. Elle n’était pas facile, mais je n’ai jamais connu un être exceptionnel qui soit facile.» D’ailleurs Dumont raconte comment, ce 5 octobre 1960, alors jeune compositeur âgé de 31 ans, il s’est décidé à lui présenter une de ses nouvelles compositions. Comme Piaf lui a déjà refusé deux de ses chansons, c’est à contrecœur qu’il arrive à son domicile. Très fatiguée et malade, Édith Piaf accepte de le recevoir, ainsi que Michel Vaucaire qui a écrit les paroles. Charles Dumont se met au piano et joue une première fois Non, je ne regrette rien.
Mais reprenons le récit de Charles Dumont pour comprendre ce tube éternel et magique. «Sur un ton peu aimable, Piaf me demande de recommencer. À la deuxième écoute, elle m’interroge le plus sérieusement du monde : – «C’est vraiment vous qui avez écrit cette chanson ?» – Oui, oui madame, répond Charles Dumont, furieux. – «Vous ne voulez pas me la rejouer une troisième fois?» La troisième fois, elle a changé d’attitude dans les trois minutes que dure la chanson. Elle me regardait d’une autre manière. Elle a changé de ton et elle m’a dit : «Ne vous faites plus de souci, jeune homme, cette chanson va faire le tour du monde et c’est avec elle que je commencerai mon prochain tour de chant».»
Non, je ne regrette rien a donné à Édith Piaf la force de remonter sur scène. L’icône légendaire va la chanter pour la première fois le 29 décembre 1960, en ouverture de son récital à l’Olympia. Ce soir-là, il y aura 22 rappels. Pour cette battante qui vivait ses chansons et pour la chanson, ce tube sera «à l’origine de sa résurrection au début des années 60 et du sauvetage de l’Olympia».
Avec mes souvenirs J’ai allumé le feu Mes chagrins, mes plaisirs Je n’ai plus besoin d’eux Balayé les amours Avec leurs trémolos Balayé pour toujours Je repars à zéro
Non, rien de rien Non, je ne regrette rien Ni le bien qu’on m’a fait Ni le mal Tout ça m’est bien égal Non, rien de rien Non, je ne regrette rien C’est payé, balayé, oublié Je me fous du passé
Non, rien de rien Non, je ne regrette rien Ni le bien qu’on m’a fait Ni le mal Tout ça m’est bien égal Non, rien de rien Non, je ne regrette rien Car ma vie Car mes joies Aujourd’hui Ça commence avec toi
Figure incontournable qui a marqué notre planète et ses océans, Jacques-Yves Cousteau et ses équipes ont mené à bien de nombreuses expéditions à bord de la célèbre Calypso, visant à explorer le monde sous-marin, alors très peu connu à cette époque.
Certaines des expéditions de Jacques-Yves Cousteau ont donné lieu à des documentaires visant à sensibiliser le public sur la préservation des océans et des profondeurs marines.
Mais le saviez-vous ?
1. Personnalité
Né le 11 juin 1910 à St André de Cubzac en Gironde, Cousteau entre à l’école navale en 1930 où il se destine à l’origine à une carrière d’aviateur dans la Marine, mais qui prend fin suite à un grave accident de voiture. Aventurier dans l’âme, il se tourne alors vers l’océan. Avec l’aide d’Émile Gagnan et l’invention du « détendeur » de plongée, il perfectionne le principe du scaphandre autonome.
L’origine de son célèbre bonnet rouge devenu symbole de son personnage est dû aux essais des premiers scaphandres du XIXème siècle. Pour l’occasion, des bagnards étaient désignés volontaires et se voyaient attribuer des couleurs vives et un bonnet rouge pour les différencier des autres marins. En portant un bonnet rouge, Cousteau souhaitait leur rendre hommage.
Le commandant a toujours été une personnalité très appréciée des français. Le journal du dimanche relèvera que Jacques-Yves Cousteau aurait atteint la première classe de ce classement 20 fois entre la période de 1988 et 1996, devançant ainsi l’Abbé Pierre : 16 fois lauréat.
2. La Calypso
Lorsque le film « Aventure en Mer Rouge » de Hans Hass est primé lors d’un évènement en 1950, Cousteau se lance dans un nouveau projet visant à créer un film sous-marin en couleur. Pour se donner les moyens il se lance dans une campagne de mécénat. C’est à cette occasion que le millionnaire Loël Guiness lui offre le 19 juillet 1950 un bateau sur lequel il pourra parcourir les océans. Son nom : la Calypso. Avec son navire, Cousteau naviguera près de 40 ans sur une grande partie des mers du globe, ce qui lui permettra de réaliser sa longue série de documentaires « L’Odyssée sous-marine du commandant Cousteau » rendant ainsi l’équipage et la Calypso mondialement connus.
La Calypso coule dans le port de Singapour en 1996 après avoir été heurtée accidentellement par une barge. Renflouée et rapatriée en France pour restauration, elle est laissée à l’abandon plusieurs années en raison d’un litige qui oppose un chantier naval et la Fondation Cousteau. En 2012, elle est classée « bateau d’intérêt patrimonial » par la fondation patrimoine maritime et fluvial. Le 1er avril 2016, la Calypso arrive en Turquie pour sa phase de restauration et de modernisation où les travaux sont toujours en cours.
3. Inventeur et découverte
Le commandant Jacques-Yves Cousteau est à l’origine de nombreuses améliorations et inventions marines. La constante amélioration du scaphandre ainsi que les soucoupes plongeantes, portent la griffe Cousteau. Il étudie avec l’aide du Professeur Malavard et l’ingénieur Charrier, la Turbovoile : un tout nouveau système complémentaire de propulsion éolienne. L’invention est testée en 1985 sur l’Alcyone, qui est aujourd’hui le navire d’expédition de l’Équipe Cousteau. Il est entretenu par des bénévoles dans le port de la ville de Caen en Normandie.
Parmi ses nombreuses découvertes, lors d’une exploration en mer Égée, Jacques-Yves Cousteau retrouve le 3 décembre 1975, l’épave du Britannic : le navire jumeau du Titanic qui avait sombré 59 ans plus tôt. Il s’agit de la plus grande épave de paquebot au monde, découverte à 120 mètres de profondeur. Un an après (le temps d’obtenir l’autorisation des autorités grecques) Cousteau et son équipe plongent à l’intérieur de l’épave. L’exploration est filmée et suivie depuis la surface par l’une des survivantes du naufrage. Certains éléments de l’épave sont remontés à la surface et un documentaire est produit pour la série télévisée « L’Odyssée sous-marine de l’équipe Cousteau ».
4. Écologiste dans l’âme
Défenseur de l’écosystème marin, Cousteau s’engage en 1960 contre l’immersion de deux mille tonnes de déchets radioactifs en méditerranée. Pour défendre la préservation de la vie marine, il créé en 1974 The Cousteau Society : une organisation de droit américain à but non lucratif. En 1981 la Fondation Cousteau, aujourd’hui l’Équipe Cousteau voit le jour.
Ses films documentaires tournés lors de ses expéditions, ont pour but d’attirer l’attention du public et de les sensibiliser sur le désastre écologique dû à la négligence humaine.
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Jacques-Yves Cousteau en 1972 // Photo via Wiki Commons par Peters, Hans / Anefo
INSOLITE•2 AVRIL 2020
LE SAVIEZ-VOUS ? LE COMMANDANT JACQUES-YVES COUSTEAU
Figure incontournable qui a marqué notre planète et ses océans, Jacques-Yves Cousteau et ses équipes ont mené à bien de nombreuses expéditions à bord de la célèbre Calypso, visant à explorer le monde sous-marin, alors très peu connu à cette époque.
Certaines des expéditions de Jacques-Yves Cousteau ont donné lieu à des documentaires visant à sensibiliser le public sur la préservation des océans et des profondeurs marines.
Mais le saviez-vous ?
1. Personnalité
Né le 11 juin 1910 à St André de Cubzac en Gironde, Cousteau entre à l’école navale en 1930 où il se destine à l’origine à une carrière d’aviateur dans la Marine, mais qui prend fin suite à un grave accident de voiture. Aventurier dans l’âme, il se tourne alors vers l’océan. Avec l’aide d’Émile Gagnan et l’invention du « détendeur » de plongée, il perfectionne le principe du scaphandre autonome.
L’origine de son célèbre bonnet rouge devenu symbole de son personnage est dû aux essais des premiers scaphandres du XIXème siècle. Pour l’occasion, des bagnards étaient désignés volontaires et se voyaient attribuer des couleurs vives et un bonnet rouge pour les différencier des autres marins. En portant un bonnet rouge, Cousteau souhaitait leur rendre hommage.
Le commandant a toujours été une personnalité très appréciée des français. Le journal du dimanche relèvera que Jacques-Yves Cousteau aurait atteint la première classe de ce classement 20 fois entre la période de 1988 et 1996, devançant ainsi l’Abbé Pierre : 16 fois lauréat.
2. La Calypso
Lorsque le film « Aventure en Mer Rouge » de Hans Hass est primé lors d’un évènement en 1950, Cousteau se lance dans un nouveau projet visant à créer un film sous-marin en couleur. Pour se donner les moyens il se lance dans une campagne de mécénat. C’est à cette occasion que le millionnaire Loël Guiness lui offre le 19 juillet 1950 un bateau sur lequel il pourra parcourir les océans. Son nom : la Calypso. Avec son navire, Cousteau naviguera près de 40 ans sur une grande partie des mers du globe, ce qui lui permettra de réaliser sa longue série de documentaires « L’Odyssée sous-marine du commandant Cousteau » rendant ainsi l’équipage et la Calypso mondialement connus.
L’épave renflouée de la Calypso, attendant une hypothétique restauration muséologique, image via Wikipedia
La Calypso coule dans le port de Singapour en 1996 après avoir été heurtée accidentellement par une barge. Renflouée et rapatriée en France pour restauration, elle est laissée à l’abandon plusieurs années en raison d’un litige qui oppose un chantier naval et la Fondation Cousteau. En 2012, elle est classée « bateau d’intérêt patrimonial » par la fondation patrimoine maritime et fluvial. Le 1er avril 2016, la Calypso arrive en Turquie pour sa phase de restauration et de modernisation où les travaux sont toujours en cours.
3. Inventeur et découverte
Le commandant Jacques-Yves Cousteau est à l’origine de nombreuses améliorations et inventions marines. La constante amélioration du scaphandre ainsi que les soucoupes plongeantes, portent la griffe Cousteau. Il étudie avec l’aide du Professeur Malavard et l’ingénieur Charrier, la Turbovoile : un tout nouveau système complémentaire de propulsion éolienne. L’invention est testée en 1985 sur l’Alcyone, qui est aujourd’hui le navire d’expédition de l’Équipe Cousteau. Il est entretenu par des bénévoles dans le port de la ville de Caen en Normandie.
Parmi ses nombreuses découvertes, lors d’une exploration en mer Égée, Jacques-Yves Cousteau retrouve le 3 décembre 1975, l’épave du Britannic : le navire jumeau du Titanic qui avait sombré 59 ans plus tôt. Il s’agit de la plus grande épave de paquebot au monde, découverte à 120 mètres de profondeur. Un an après (le temps d’obtenir l’autorisation des autorités grecques) Cousteau et son équipe plongent à l’intérieur de l’épave. L’exploration est filmée et suivie depuis la surface par l’une des survivantes du naufrage. Certains éléments de l’épave sont remontés à la surface et un documentaire est produit pour la série télévisée « L’Odyssée sous-marine de l’équipe Cousteau ».
4. Écologiste dans l’âme
Défenseur de l’écosystème marin, Cousteau s’engage en 1960 contre l’immersion de deux mille tonnes de déchets radioactifs en méditerranée. Pour défendre la préservation de la vie marine, il créé en 1974 The Cousteau Society : une organisation de droit américain à but non lucratif. En 1981 la Fondation Cousteau, aujourd’hui l’Équipe Cousteau voit le jour.
Ses films documentaires tournés lors de ses expéditions, ont pour but d’attirer l’attention du public et de les sensibiliser sur le désastre écologique dû à la négligence humaine.
Il lance en 1990 avec l’aide de plusieurs ONG, une pétition mondiale visant à sauver l’Antarctique de l’exploitation minière. C’est une opération réussie : la décision est prise de protéger cette terre vierge pour les cinquante prochaines années. De par ses nombreuses actions écologiste, il est l’invité officiel de la conférence des Nations Unies pour l’environnement et le développement à Rio de Janeiro en 1992.
Le 25 juin 1997 âgé de 87 ans, le commandant Jacques-Yves Cousteau s’éteint. Même si aujourd’hui l’homme n’est plus là, son message reste toujours d’actualité. A sa mort, il lègue à ses deux associations : l’Équipe Cousteau et The Cousteau Society la mission de continuer à transmettre son message et à sensibiliser le monde.
5. Héritage
Aujourd’hui, la « marque » Cousteau a pratiquement disparu. Cela s’explique par la rupture familiale entre les deux principaux héritiers du célèbre commandant : Francine Cousteau : deuxième femme du commandant, et Jean-Michel Cousteau : son fils ainé. La guerre entre les deux clans a très vite eu un impact sur les deux associations de l’ancien commandant où le nombre d’adhérents a considérablement diminué, là où dans les années 90, la Fondation Cousteau comptait près de 100 000 membres en France et la Cousteau Society en comptabilisait 250 000. Ces associations représentaient une réelle arme pour les défenseurs de l’environnement : elles avaient permis de sauver l’Antarctique dans les années 90.
Le véritable symbole du naufrage de l’héritage Cousteau reste son célèbre bateau : la Calypso, abandonnée pendant de nombreuses années à La Rochelle puis à Concarneau pendant le litige qui opposait les deux parties quant au devenir du navire.
Le commandant Cousteau, inventeur génial et écologiste de terrain
En 1992, au sommet de Rio, on pouvait voir des célébrités comme Jane Fonda et Pelé côtoyer des représentants comme le Dalaï-lama et George Bush. Mais au moment de prendre la photo officielle, présidents, premiers ministres et dirigeants du monde entier n’avaient d’yeux que pour un seul personnage public. Alors qu’ils se regroupaient, ils ont insisté pour que Jacques-Yves Cousteau les rejoigne.
L’explorateur, océanographe et défenseur de la nature, qu’on a surnommé « Capitaine Planète », était venu pour demander aux dirigeants de reconnaître aux générations futures le droit de jouir d’une planète non polluée, responsabilité que l’ONU a fini par endosser. Près de trente ans plus tard, on se souvient toujours de Jacques Cousteau pour ses contributions indélébiles à notre vision du monde et de l’environnement. Voici comment il s’y est pris pour inscrire l’environnement à l’ordre du jour international.
1. IL A MONTRÉ LE MONDE SOUS-MARIN
Le commandant Cousteau est connu pour avoir été un des pionniers de la plongée au milieu du 20e siècle. Ancien officier de marine, Cousteau a peu à peu été amené à s’intéresser à l’exploration des océans. En 1943, alors qu’il était à la recherche d’une façon de rendre les profondeurs accessibles aux plongeurs indépendants, il effectue des modifications sur un équipement de respiration sous-marine qui existait déjà de manière à permettre aux plongeurs de rester sous la surface plus longtemps sans être attachés à un tuyau d’air relié à un bateau.
C’est alors que le détendeur de plongée, ou « Aqua Lung », voit le jour. Celui-ci administre de l’air à la demande et à la pression désirée. L’appareil a libéré les plongeurs de leur bateau et leur a permis d’aller voir ce qui se passait sous la surface. Un monde vaste et vierge qui fourmillait de vie inconnue les y attendait.
Grâce à la plongée on pouvait désormais faire des recherches scientifiques, découvrir de nouvelles espèces, se débarrasser des mines et même organiser des fouilles archéologiques sous l’eau. Mais Jacques Cousteau, malgré son génie, n’a dissipé qu’une infime partie du mystère des profondeurs : à ce jour, 80 % des océans demeurent inexplorés.
2. IL NOUS A MONTRÉ POURQUOI IL FALLAIT PRENDRE SOIN DES OCÉANS
Cousteau était fasciné par l’idée de faire des photos sous l’eau et s’est assez tôt mis à modifier et à inventer des équipements photographiques comme la « luge sous-marine » qui lui a permis de filmer sur le plancher de l’océan. Après avoir amélioré l’équipement de plongée, il a travaillé avec Harold Edgerton, professeur de l’Institut de technologie du Massachussets (MIT), pour mettre au point des projecteurs adaptés aux conditions sous-marines extrêmes. Grâce à ses lumières stroboscopiques qui illuminaient les animaux et à ses projecteurs capables de faire le jour en eau profonde, Cousteau a permis de révéler ce qui se tramait dans les fonds marins.
Il est aussi à l’origine du premier véritable appareil photo sous-marin, le Calypso, du nom de son célèbre navire. Cet appareil de 1961 pouvait être utilisé jusqu’à 180 mètres de profondeur et fonctionnait également en surface. Grâce à cette innovation ainsi qu’à d’autres, il a été possible de prendre des photos et même de filmer sous l’eau. Les images saisissantes prises par Cousteau avaient d’ailleurs été publiées dans National Geographic, qui avait eu l’honneur de financer certaines de ses explorations.
Grâce à ses photographies étourdissantes et à des films influents comme Le Monde du silence (1956), Le Monde sans soleil (1964) et Voyage au bout du monde (1977), Cousteau a transformé en art ce qui n’était à l’origine qu’un médium. L’avènement de la photographie sous-marine n’a pas profité qu’aux explorateurs et aux scientifiques, il a permis au public de comprendre les merveilles de l’océan et de se sentir concerné par leur sauvegarde.
3. SON COMBAT POUR LES RÉCIFS CORALLIENS
Sa vie au contact des créatures marines l’a fait passer des « films d’aventure », pour reprendre ses mots, à la défense de toute forme de vie marine. Sa vie sous l’eau lui a permis de saisir toute l’importance des récifs coralliens et des plantes et animaux sous-marins. Cousteau a fait partie des premiers à documenter l’usage du sonar chez les dauphins ; il a également découvert de nouvelles espèces et même identifié des bassins volcaniques inconnus sur le plancher océanique.
Bien que Cousteau ait fait office d’ambassadeur des océans pendant sa longue vie, son palmarès a été terni par des accusations de cruauté envers les animaux dont il se serait rendu coupable au début de sa carrière. Dans une biographie sur son père, Jean-Michel Cousteau écrivait que l’explorateur utilisait et tuait des animaux marins capturés et leur réservait des traitements insensibles. Dans un de ses films, Cousteau fait la démonstration de la pêche à l’explosif, technique dont se servaient les premiers plongeurs et qui consistait à jeter de la dynamite dans l’eau pour recenser la vie animale à un endroit donné en faisant remonter à la surface des créatures qui autrement fuient les plongeurs.
Pourtant, à la fin de sa vie, Cousteau avertissait les humains qu’ils étaient en train d’épuiser et de dévaster les océans, qu’ils menaçaient la vie animale et qu’ils étaient sur le point de détruire les récifs coralliens. En 1974, il confiait à Paul Dustan qu’il soupçonnait que les humains étaient responsables de la dégradation de ceux-ci. Selon la communauté scientifique, dix années nous séparent de la destruction du corail par le blanchissement et le changement climatique, entre autres menaces.
4. IL A DONNÉ L’ALERTE SUR LES DÉCHETS NUCLÉAIRES
En passant de plus en plus de temps dans l’eau, Cousteau s’est inquiété de l’intention des gouvernements d’immerger des déchets nucléaires dans les océans et les mers du monde. En 1959, après avoir appris que le gouvernement français voulait déposer ses déchets nucléaires dans la Méditerranée, Cousteau a pris part à une campagne publique d’information massive et est devenu un fervent opposant à la fois à l’énergie nucléaire et à l’utilisation des océans comme zones d’enfouissement des déchets.
Sa campagne a été un succès et il a poursuivi sa lutte acharnée contre la pollution des océans grâce à sa fondation, à ses livres et à ses interventions publiques. « Nous voulons pour tous le droit de décider des risques que l’on prend ou non et de préserver la qualité de la vie pour les générations à venir », écrivait-il dans un pamphlet en 1990.
5. TOUS RESPONSABLES POUR LES GÉNÉRATIONS FUTURES
Son exploration inlassable des profondeurs l’a mené à ressentir une grande responsabilité non seulement pour les humains et les animaux de son temps, mais aussi pour la vie future. En 1991, il a commencé à réunir des signatures pour une pétition pour les droits des générations futures dans le but de faire pression sur les Nations unies pour que celles-ci modifient leurs statuts pour y inclure le droit de celles ceux qui ne sont pas encore né.e.s à jouir de la nature.
Cousteau a fini par réunir neuf millions de signatures dans le monde entier et, en 1997, l’UNESCO a fait une déclaration sur les responsabilités des générations présentes à l’égard de celles à venir. On y lit notamment qu’elles ont la responsabilité de « léguer aux générations futures une Terre qui ne soit pas irréversiblement endommagée par l’activité humaine ».
Cousteau a rappelé ces obligations lors de la conférence des Nations unies à laquelle il participait en 1992. « Les générations futures ne nous pardonneront pas d’avoir délibérément gâché leur dernière opportunité, a-t-il dit. Mettons fin à ce génocide à retardement ! Cessons de ne penser qu’à nous-mêmes et de raisonner uniquement à court terme […] Il en va de notre responsabilité, car nous tenons entre nos mains l’avenir des générations exigeantes de demain. »
Gentil ami de la nature, le populaire Jacques-Yves COUSTEAU? Films hollywoodiens, affaires juteuses, procès contre son fils aîné… A 84 ans, Cousteau » brasse encore les millions.
Né sous le signe du Zodiac, le commandant Cousteau est un homme de spectacle qui, depuis quarante ans, interprète un rôle d’ami de la nature: un personnage gentil, qui filme des animaux gentils. L’été en saharienne Lanvin. L’hiver en costume d’humanoïde à col chevalier, commandé depuis trente ans chez Vernet, 116, Champs-Elysées. Il est entré en fonction en 1956, grâce à un documentaire-culte, le Monde du silence, réalisé avec Louis Malle, qui obtint la palme (hihi) d’or à Cannes. Pour la première fois, le public, et surtout les enfants, découvraient les fonds marins. Un monde neuf. «On buvait ce film», dit drôlement Bernard Violet, biographe iconoclaste (1). Le capitaine de corvette Cousteau obtint illico le poste de directeur du musée océanographique de Monaco et quitta la Marine nationale. Les Requins associés, sa société de production, commençait son ascension commerciale.
Né sous le signe du Zodiac, le commandant Cousteau est un homme de spectacle qui, depuis quarante ans, interprète un rôle d’ami de la nature: un personnage gentil, qui filme des animaux gentils. L’été en saharienne Lanvin. L’hiver en costume d’humanoïde à col chevalier, commandé depuis trente ans chez Vernet, 116, Champs-Elysées. Il est entré en fonction en 1956, grâce à un documentaire-culte, le Monde du silence, réalisé avec Louis Malle, qui obtint la palme (hihi) d’or à Cannes. Pour la première fois, le public, et surtout les enfants, découvraient les fonds marins. Un monde neuf. «On buvait ce film», dit drôlement Bernard Violet, biographe iconoclaste (1). Le capitaine de corvette Cousteau obtint illico le poste de directeur du musée océanographique de Monaco et quitta la Marine nationale. Les Requins associés, sa société de production, commençait son ascension commerciale.
Aujourd’hui, lorsqu’on visionne le Monde du silence en compagnie d’enfants convena-bles, en âge d’être les arrière-petits-enfants du commandant, ceux-ci sont stupéfaits: «Gros sauvages! Respectent pas les animaux.» La rhétorique écologiste a lavé les jeunes cervelles. L’équipage de la Calypso massacre une tribu de requins dans une scène à la Cronenberg, abat d’une balle dans la tête un bébé cachalot haché par les pales du navire, dynamite un jardin de coraux tandis que la caméra s’attarde sur l’agonie tragico-rigolote d’un diodon. Les marins chevauchent des tortues en tirant sur des cigarettes qui nuisent gravement à la santé. Les enfants de 1956 rêvaient, ceux de 1995 sont scandalisés. «Ils ont raison et j’en suis fier, dit le commandant, roublard. Cela prouve que les mentalités ont évolué, grâce à moi.» Visage hâve, il ressemble à une institutrice en retraite. Tel un sociétaire d’Art Média, Cousteau ne reçoit la presse que pour commercer. Actuellement, il promeut un livre sur Madagascar (Plon) et un documentaire produit avec Ted Turner.
Dans le nouveau siège de sa fondation (250.000 adhérents), hôtel particulier gardé par des scaphandres, Cousteau communique en buvant de l’eau Perrier. On n’interviewe pas le commandant, on écoute un argumentaire. Lorsqu’on ose une question, il dit: «Vous me brusquez un peu.» L’attachée de presse maison note. Lui rame pour légitimer le caractère scientifique de ses expéditions. Les plongeurs de la Calypso ont raconté comment, pour obtenir des images séduisantes, ils avaient manipulé les animaux. Employant, par exemple, une solution de chlorax sur les pieuvres (Pieuvre, petite pieuvre, 1972) (1). Les belles images ont un prix. Cinq à six millions de francs le tournage. Cousteau ne tourne pas des documentaires, mais des films scénarisés à Hollywood, qui exigent des supercheries. «Ted Turner a les droits pour l’Amérique du Sud et du Nord. Avec l’aide de la banque Worms, nous avons monté une société de production à Majorque pour les droits dans les autres pays», dit JYC. Prononcer «Jique», comme madame Cousteau II, une plantureuse qui chaloupe dans les parages, sur des escarpins à motif panthère.
«Mauvais traitements infligés aux animaux? Moi qui évite d’écraser les fourmis»», JYC enchaîne sur les grandes menaces qui alimentent ses films et le fond de roulement de la fondation. Explosion démographique. Réchauffement de la planète. Et parle de Cousteau Junior, le magazine que lance le groupe Hachette en novembre. S’il a réussi sur le plan commercial, ses autres tentatives sont moins heureuses. L’Argyronète, projet de sous-marin futuriste qui échoua, coûta 57 millions de francs en 1972 aux contribuables français. Après une tempête financière enregistrée par la Cour des comptes, Cousteau quitta la France et entama aux Etats-Unis une carrière en mondovision. Sa célébrité lui valut de vanter des croquettes de poisson congelé à la télévision britannique. Le parc océanique Cousteau, aux Halles creusa, lui, un passif abyssal de 10 millions de francs avant de sombrer. L’Aquaboulevard a racheté la baleine en carton-pâte. Quand on aime, on ne compte pas.
Cousteau jouit d’un droit d’expression tout terrain sur le seul crédit de sa popularité. Au box-office (2), il dispute la première place à l’abbé Pierre. Les médias pour grandes personnes lui sont ouverts, sur des motifs plus sentimentaux que rigoureux. Pour qu’il s’exprime sur les essais de Mururoa, le Monde lui offre sa Une. En janvier 1986, à Punta Arenas (Chili), Cousteau se dit totalement opposé aux essais dans le Pacifique Sud. En 1988, dans France-Soir, il déclare les tirs français inoffensifs. Est-ce un effet du hasard? Quelques mois plus tard, Pierre Joxe, ministre de la Défense, offre un million de francs à la fondation, pour la construction de la Calypso II. En 1995, Cousteau dénonce les essais et» les déclare sans danger.
Ancêtre du «politiquement correct», Cousteau est aujourd’hui victime de sa réussite. Comme Walt Disney, son histoire et sa vie privée sont passées au sonar. Séquence Occupation: JYC a passé la guerre en apnée. Aux îles de Lérins. Son premier court-métrage, Par 18 mètres de fond, réalisé en 1943, reçoit les éloges de Lucien Rebatet dans Je suis partout, son frère aîné, Pierre-Antoine Cousteau, en
est le rédacteur en chef. Condamné à mort après la guerre, ce dernier quitte Clairvaux dix ans plus tard, brouillé avec JYC à qui il reprochait de l’avoir délaissé en prison. Les deux hommes n’étaient pas sur la même longueur d’onde.
Séquence dynastique: il intente ces jours-ci un procès à son fils aîné, pour utilisation abusive de leur nom. Celui-ci a installé dans les îles Fidji un complexe de vacances baptisé Cousteau les Flots Bleus. «Mon fils est charmant, mais il n’est pas capable. Ce n’est pas parce qu’un gosse est né de votre sperme qu’il a les qualités nécessaires pour vous remplacer», a-t-il un jour déclaré au Nouvel Economiste. Jean-Philippe est le fils de madame Cousteau I, décédée en 1990, après cinquante ans de service à bord de la Calypso. «Simone fut la seule femme de marin à avoir attendu son mari en mer», a dit Falco, un plongeur du navire. Le second fils du commandant, Philippe, est mort en 1979 dans le crash d’un hydravion. Il y a deux ans, le commandant se remarie avec Francine, ex-hôtesse de l’air, et présente deux Cousteau junior de 13 et 15 ans.
Lorsqu’on demande au commandant ce qui génère sa popularité, il dit: «Je n’ai jamais raconté de bo-bards.» En voilà justement un… et c’est ce qui a fait son charme. Durant quatre décennies, Cousteau a approvisionné les enfants des villes en féeries aquatiques. Sa biographie n’est pas formatée sur ce modèle. Mais pourquoi, en l’apprenant, les grandes personnes réagissent-elles comme des enfants?.
Le commandant Cousteau : défenseur moderne des océans
« One Ocean Summit », le premier sommet créé pour la protection des océans, s’est terminé le 11 janvier dernier. Plusieurs jours de conférences entre spécialistes ont été établis pour décréter des mesures autour de la préservation marine. Les océans étaient jusqu’alors les grands oubliés de la prise de conscience écologique. Il a fallu attendre 2022 pour que l’on consacre enfin un événement à cet espace planétaire. Si les mesures étatiques et internationales se sont faites attendre, les dénonciations de l’urgence marine, elles, avaient été clamées bien avant. Et une figure sort du lot : il s’agit du commandant Cousteau.
Créateur de l’océanographie
Jacques-Yves Cousteau naît en 1910 et disparaît en 1997, laissant derrière lui les majeures découvertes océanographiques du siècle.
Quand il atteint ses 20 ans, il entre à l’Ecole Navale et devient officier canonnier. C’est un accident grave de voiture qui met fin à la carrière d’aviateur qu’il entreprend dans l’armée. En 1936, il essaie des lunettes sous-marines. Sa passion bascule alors des cieux à la mer et ne le quitte plus. Il met à profit son instinct inventif pour développer, avec l’ingénieur Emile Gagnan, le scaphandre autonome en 1943. Le monde sous-marin devient enfin perceptible.
Ses inventions ne se limitent pas au scaphandre. En effet, en 1946, il améliore le vêtement « à volume constant » permettant de nager dans les eaux les plus froides, l’ancêtre de nos combinaisons étanches actuelles. Il crée en 1950 la « soucoupe plongeante (SP-350) » avec l’ingénieur Jean Mollard, un sous-marin deux places qui peut descendre jusqu’à 350 mètres de profondeur. En 1965, les perfectionnements de la machine lui permettent ainsi d’atteindre les abysses sous 500 mètres. Enfin, avec le professeur Lucien Malavard et l’ingénieur Charrier, il développe le principe de la « Turbovoile ». Il s’agit d’un système spécifique de propulsion éolienne, dont il va équiper son bateau tout aussi connu que lui : l’Alcyone.
Lanceur d’alerte
Jacques-Yves Cousteau et ses amis Philippe Tailliez, officier marine et plongeur sous-marin, et Frédéric Dumas, pionnier de la plongée, forment le groupe des « Mousquemers ». Il se met avec eux à arpenter les mers au travers de sa Calypso. Cousteau filme tous les voyages dans cette embarcation. Les productions audiovisuelles ainsi créées mettent en avant les problématiques rencontrées en mer : l’impact de l’homme, la pollution, la surexploitation des ressources marines, la dégradation des côtes… Toute l’écologie marine y passe.
En 1974, il crée « The Cousteau Society », une organisation à but non-lucratif de droit américain ayant pour but l’exploration océanographique et la protection de la faune des mers. En 1981, en France, naît la Fondation Cousteau qui deviendra l’Equipe Cousteau, arpentant encore les mers aujourd’hui. Le commandant est aussi à l’initiative d’une pétition mondiale de 1990 visant à sauver l’Antarctique de l’exploitation minière.
Cousteau devient ainsi un symbole de cette conscience écologique. En 1992, il est l’invité officiel de la conférence des Nations Unies pour l’environnement et le développement à Rio de Janeiro. Ce sont plus de 70 films et de 50 livres qui font sa renommée. Si son action militaire lui avait conféré le rang de chevalier de la légion d’honneur, son implication scientifique l’a promu Officier et Commandeur. Tantôt membre de l’Académie des sciences des Etats-Unis, tantôt directeur du musée océanographique de Monaco, il reçoit le prix international des Nations Unies pour l’environnement en 1977, la médaille de la liberté du président des Etats-Unis en 1985, l’inscription au tableau d’honneur des individus qui se sont distingués pour la protection de l’environnement en 1988 et devient membre de l’Académie française en 1989. Un palmarès hors du commun et international qui ne peut être oublié aujourd’hui.
Même si le commandant a disparu, les questionnements qu’il a émis n’ont jamais été plus actuels. Ils ont une résonance toute particulière dans la situation d’urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons. Pour sûr, il aurait adoré parcourir le cinquième océan découvert l’année dernière, mais aurait-il été satisfait des conclusions tirées lors du « One Ocean Summit » ?
Comment le commandant Cousteau a ouvert les portes des océans à l’humanité
« Regarde ! », s’exclama mon fils.
Nous flottions à l’ombre de la jetée de l’île portoricaine de Vieques, abrités du soleil tropical par les lattes en bois suspendues au-dessus de nos têtes, tandis que l’eau recouvrait des piliers érodés. Cet endroit créé par l’humain, où nous nous octroyions une courte pause lors de notre baptême de plongée libre, n’avait aucun attrait hormis sa fraîcheur.
Les yeux écarquillés derrière son masque, Will pointa l’eau du doigt avant de plonger tête la première. J’en fis de même.
Nous venions d’entrer dans un autre monde, à mille lieues de la jetée, structure sans intérêt de bois gondolé et de peinture écaillée. Sous la surface, l’eau grouillait de vie : des coraux orange et jaune enveloppaient les colonnes, des plantes aquatiques luxuriantes ondulaient au gré du courant, des bancs de poissons argentés filaient entre les poteaux. Ce lieu étroit situé sous un quai construit voilà plusieurs décennies pour les navires de guerre américains était aussi fécond qu’une jungle. Mais contrairement à la jungle, nous pouvions flotter dedans et l’examiner sous tous les angles.
Jamais nous n’aurions imaginé évoluer parmi une faune et une flore aussi riches. Et pourtant, Will en redemandait. « C’était trop bien », lança-t-il alors que nous rentrions à l’hôtel à bord du vieux pick-up de nos guides, avant d’ajouter : « J’aimerais essayer la plongée sous-marine ». Il ne voulait pas être obligé de rester à la surface à cause de nos tubas de location. Il rêvait de plonger plus profondément, d’explorer davantage l’océan, de voir ses merveilles par lui-même.
Bien que Jacques-Yves Cousteau ait appris à nager à l’âge de quatre ans, c’est le ciel, et non la mer, qui l’intéressa dans un premier temps. Il entra dans la Marine nationale en 1930 pour devenir pilote, un rêve qui s’envola lorsqu’il échappa de peu à la mort dans un accident de voiture ; il s’en sortit avec les deux bras fracturés. Dans le cadre de sa rééducation, l’officier de la marine Philippe Tailliez lui suggéra de s’adonner à la nage en eau libre. Il lui prêta une paire de lunettes de plongée et l’emmena pêcher au harpon près de Toulon, en mer Méditerranée.
Nager avec ces lunettes fut une révélation. « Dès que j’ai plongé la tête sous l’eau, j’ai eu un choc », raconta-t-il par la suite. Il venait de découvrir « un vaste domaine complètement vierge à explorer ».
« J’ai compris qu’à partir de ce jour, je consacrerai tout mon temps libre à l’exploration sous-marine », confia-t-il.
À terme, il finit par plonger jusqu’à 18 mètres de profondeur, restant en apnée pendant 70 à 80 secondes. Mais ce n’était pas suffisamment profond ni suffisamment long pour le commandant Cousteau. « Je me suis toujours rebellé contre les limites imposées par une seule inspiration », a-t-il écrit en 1952 dans un article pour National Geographic, son premier pour le magazine.
Jacques-Yves Cousteau devait trouver sa propre solution. « Je suis devenu inventeur par nécessité », ironisait-il.
Pour plonger plus profondément, il avait besoin d’un appareil capable de fournir de l’air respirable tout en composant avec la pression de l’eau : plus un plongeur s’enfonce dans l’océan, plus la pression augmente, ce qui réduit le volume de l’air dans le corps et peut provoquer l’affaissement des poumons. Le beau-père du commandant Cousteau le mit en contact avec l’ingénieur Émile Gagnan, spécialiste des conceptions pneumatiques haute pression.
À l’époque, la Seconde Guerre mondiale faisait rage et l’Allemagne contrôlait la majeure partie du territoire français. Émile Gagnan, qui travaillait à Paris pour la principale compagnie de gaz du pays, avait notamment conçu une soupape qui régulait le débit de carburant ; celle-ci permettait aux voitures de fonctionner avec de l’huile de cuisson, une adaptation essentielle en temps de guerre alors que les nazis réquisitionnaient l’essence pour leurs automobiles.
Cousteau se rendit dans la capitale en 1942 afin d’expliquer son problème de pression de l’air à l’ingénieur. Gagnan pensait que son régulateur d’essence pourrait être la solution. Les deux hommes bricolèrent ensemble jusqu’à obtenir quelque chose qu’ils pouvaient tester : un régulateur fixé à deux bouteilles d’air comprimé par des conduits. Le commandant essaya le prototype dans la Marne, à l’est de Paris.
« J’ai respiré normalement à un rythme lent, incliné la tête et plongé doucement jusqu’à neuf mètres de profondeur », confia-t-il.
L’appareil fonctionnait, mais uniquement à l’horizontale. En position verticale, de l’air s’en échappait. Jacques-Yves Cousteau et Émile Gagnan repositionnèrent les conduits d’aspiration et d’évacuation pour les placer au même niveau. Ils finirent par obtenir une version que l’explorateur français était prêt à essayer en mer.
Pendant plusieurs mois au cours de l’année 1943, Cousteau, Tailliez et leur ami Frédéric Dumas testèrent avec prudence l’appareil baptisé Aqua-Lung. Ils réalisèrent plus de 500 plongées en mer Méditerranée, allant de plus en plus profondément à chaque fois. La barre des 40 mètres de profondeur fut atteinte au début de l’automne, avant que Dumas ne plonge à 67 mètres en octobre.
« Le meilleur moyen d’observer un poisson est de devenir un poisson », écrit Jacques-Yves Cousteau dans son premier article pour National Geographic. « Et le meilleur moyen de devenir un poisson, ou un fac-similé raisonnable de celui-ci, est d’enfiler un appareil respiratoire sous-marin appelé l’Aqua-Lung. L’Aqua-Lung offre à l’Homme la possibilité de sonder, sans se presser et sans danger, les profondeurs de l’océan ».
Près de 80 ans après l’invention de l’appareil, le même concept de base est encore utilisé. « C’est aussi simple et élégant qu’un bouton de porte », décrit David Doubilet, photographe sous-marin National Geographic de longue date. « C’est d’une fiabilité ! En 65 ans de plongée, je n’ai jamais rencontré de souci ».
La possibilité de sonder les profondeurs exposait toutefois les plongeurs à d’autres dangers. L’Aqua-Lung facilitait la respiration en équilibrant la pression ambiante et interne, mais il ne pouvait pas prévenir la narcose à l’azote, ou « l’ivresse des profondeurs » comme l’appelaient les premiers plongeurs, un phénomène qui survient lorsque des bulles d’azote se forment dans le système sanguin au cours de la descente du plongeur. Le commandant Cousteau l’a décrit comme « une impression d’euphorie, une perte progressive du contrôle des réflexes, une perte de l’instinct de survie ». « L’air prend un drôle de goût et vous vous enivrez de votre propre respiration », disait Albert Falco, qui a navigué avec Cousteau pendant près de 40 ans.
La narcose à l’azote peut s’avérer mortelle. Après la guerre, Jacques-Yves Cousteau, qui faisait partie du groupe de recherche sous-marine de la Marine, organisa en 1947 des tests de plongée autonome à Toulon. Il voulait montrer que l’Aqua-Lung pouvait permettre aux plongeurs d’aller à plus de 100 mètres de profondeur. Mais la personne qui effectua la première tentative, le second capitaine Maurice Fargues, trouva la mort après avoir perdu connaissance à 120 mètres. L’équipage le ramena désespérément à la surface, mais ne parvint pas à le réanimer.
« Je commence à me demander si ce que je fais a du sens », déclara, bouleversé, le commandant Cousteau.
Aux yeux de la Marine, cela en avait. Elle déploya le groupe de recherche sous-marine pour effacer les séquelles de la Seconde guerre mondiale en mer Méditerranée. Les plongeurs de la Marine procédèrent à des opérations de déminage à proximité de ports fréquentés. Ils récupérèrent les corps des pilotes d’avions abattus. Ils observèrent la destruction du monde sous-marin infligée par une guerre qui n’avait pas épargné les côtes méditerranéennes.
« J’ai enfilé le scaphandre et je me suis retrouvé au fond de la piscine », se souvient David Doubilet, qui a photographié la mer des Sargasses, la grande barrière de corail et presque chaque recoin de l’océan pour plus de 70 reportages National Geographic. « J’étais cloué sur le fond, mais je respirais et c’était divin ».
« Le régulateur Aqua-Lung était un passeport qui nous donnait accès à 70 % de notre planète », poursuit le photographe. « Le commandant Cousteau est une personne dont le rôle essentiel pour la planète ne pourra jamais être oublié ni sous-estimé ».
Le photographe Laurent Ballesta, qui a passé son enfance à nager et faire de la plongée libre et sous-marine sur les côtes françaises de la mer Méditerranée, a également été influencé par le commandant Cousteau. Lorsqu’il avait 16 ans, lui et ses amis se trouvaient sur un bateau lorsqu’ils furent encerclés par des requins. Fan inconditionnel des documentaires de l’explorateur, Laurent Ballesta a réalisé qu’il s’agissait de requins-pèlerins, une espèce inoffensive, et a sauté dans l’eau pour nager avec eux.
Quand il raconta ce qu’il s’était passé à ses parents en rentrant à la maison, ces derniers ne le crurent pas. « C’est à ce moment que j’ai décidé d’apprendre la photographie ».
Laurent Ballesta a depuis découvert une nouvelle espèce de poisson baptisée le gobie d’Andromède, et a été le premier à photographier sous l’eau le cœlacanthe, un poisson préhistorique. Il a récemment relaté pour National Geographic comment, avec son équipe, il avait passé 28 jours dans une capsule pressurisée, qui leur a permis de plonger pendant des heures dans les profondeurs de la mer Méditerranée.
Jacques-Yves Cousteau a continué de jouer un rôle actif dans l’exploration sous-marine jusqu’à sa mort en 1997, à l’âge de 87 ans. « Mon travail consistait à montrer ce qu’abritait la mer, à en montrer la beauté, pour que les gens apprennent à la connaître et à l’aimer », a écrit l’explorateur.
Malgré ses contributions novatrices et son influence sur la scène internationale, ce monde est encore largement méconnu. Selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, plus de 80 % des océans de notre planète restent inexplorés.
Depuis l’invention de l’Aqua-Lung par Jacques-Yves Cousteau et Émile Gagnan il y a 78 ans, plus de 28 millions d’individus ont suivi l’explorateur dans les océans et se sont initiés à la plongée sous-marine.
Au printemps prochain, mon fils et moi viendrons nous ajouter à cette liste. Pour son 17e anniversaire, Will veut un passeport vers un autre monde.
Ah! comme la neige a neigé! Ma vitre est un jardin de givre. Ah! comme la neige a neigé! Qu’est-ce que le spasme de vivre Ô la douleur que j’ai, que j’ai!
Tous les étangs gisent gelés, Mon âme est noire: Où vis-je? où vais-je? Tous ses espoirs gisent gelés: Je suis la nouvelle Norvège D’où les blonds ciels s’en sont allés.
Pleurez, oiseaux de février, Au sinistre frisson des choses, Pleurez, oiseaux de février, Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses, Aux branches du genévrier.
Ah! comme la neige a neigé! Ma vitre est un jardin de givre. Ah! comme la neige a neigé! Qu’est-ce que le spasme de vivre A tout l’ennui que j’ai, que j’ai!…