Dans les profondeurs de la mer

LE SAVIEZ-VOUS ? LE COMMANDANT Jacques-Yves Cousteau

Figure incontournable qui a marqué notre planète et ses océans, Jacques-Yves Cousteau et ses équipes ont mené à bien de nombreuses expéditions à bord de la célèbre Calypso, visant à explorer le monde sous-marin, alors très peu connu à cette époque.

Certaines des expéditions de Jacques-Yves Cousteau ont donné lieu à des documentaires visant à sensibiliser le public sur la préservation des océans et des profondeurs marines.

Mais le saviez-vous ?

1. Personnalité

Né le 11 juin 1910 à St André de Cubzac en Gironde, Cousteau entre à l’école navale en 1930 où il se destine à l’origine à une carrière d’aviateur dans la Marine, mais qui prend fin suite à un grave accident de voiture. Aventurier dans l’âme, il se tourne alors vers l’océan. Avec l’aide d’Émile Gagnan et l’invention du « détendeur » de plongée, il perfectionne le principe du scaphandre autonome.

L’origine de son célèbre bonnet rouge devenu symbole de son personnage est dû aux essais des premiers scaphandres du XIXème siècle. Pour l’occasion, des bagnards étaient désignés volontaires et se voyaient attribuer des couleurs vives et un bonnet rouge pour les différencier des autres marins. En portant un bonnet rouge, Cousteau souhaitait leur rendre hommage.

Le commandant a toujours été une personnalité très appréciée des français. Le journal du dimanche relèvera que Jacques-Yves Cousteau aurait atteint la première classe de ce classement 20 fois entre la période de 1988 et 1996, devançant ainsi l’Abbé Pierre : 16 fois lauréat.

2. La Calypso

Lorsque le film « Aventure en Mer Rouge » de Hans Hass est primé lors d’un évènement en 1950, Cousteau se lance dans un nouveau projet visant à créer un film sous-marin en couleur. Pour se donner les moyens il se lance dans une campagne de mécénat. C’est à cette occasion que le millionnaire Loël Guiness lui offre le 19 juillet 1950 un bateau sur lequel il pourra parcourir les océans. Son nom : la Calypso. Avec son navire, Cousteau naviguera près de 40 ans sur une grande partie des mers du globe, ce qui lui permettra de réaliser sa longue série de documentaires « L’Odyssée sous-marine du commandant Cousteau » rendant ainsi l’équipage et la Calypso mondialement connus.

La Calypso coule dans le port de Singapour en 1996 après avoir été heurtée accidentellement par une barge. Renflouée et rapatriée en France pour restauration, elle est laissée à l’abandon plusieurs années en raison d’un litige qui oppose un chantier naval et la Fondation Cousteau. En 2012, elle est classée « bateau d’intérêt patrimonial » par la fondation patrimoine maritime et fluvial. Le 1er avril 2016, la Calypso arrive en Turquie pour sa phase de restauration et de modernisation où les travaux sont toujours en cours.

3. Inventeur et découverte

Le commandant Jacques-Yves Cousteau est à l’origine de nombreuses améliorations et inventions marines. La constante amélioration du scaphandre ainsi que les soucoupes plongeantes, portent la griffe Cousteau. Il étudie avec l’aide du Professeur Malavard et l’ingénieur Charrier, la Turbovoile : un tout nouveau système complémentaire de propulsion éolienne. L’invention est testée en 1985 sur l’Alcyone, qui est aujourd’hui le navire d’expédition de l’Équipe Cousteau. Il est entretenu par des bénévoles dans le port de la ville de Caen en Normandie.

Parmi ses nombreuses découvertes, lors d’une exploration en mer Égée, Jacques-Yves Cousteau retrouve le 3 décembre 1975, l’épave du Britannic : le navire jumeau du Titanic qui avait sombré 59 ans plus tôt. Il s’agit de la plus grande épave de paquebot au monde, découverte à 120 mètres de profondeur. Un an après (le temps d’obtenir l’autorisation des autorités grecques) Cousteau et son équipe plongent à l’intérieur de l’épave. L’exploration est filmée et suivie depuis la surface par l’une des survivantes du naufrage. Certains éléments de l’épave sont remontés à la surface et un documentaire est produit pour la série télévisée « L’Odyssée sous-marine de l’équipe Cousteau ».

4. Écologiste dans l’âme

Défenseur de l’écosystème marin, Cousteau s’engage en 1960 contre l’immersion de deux mille tonnes de déchets radioactifs en méditerranée. Pour défendre la préservation de la vie marine, il créé en 1974 The Cousteau Society : une organisation de droit américain à but non lucratif. En 1981 la Fondation Cousteau, aujourd’hui l’Équipe Cousteau voit le jour.

Ses films documentaires tournés lors de ses expéditions, ont pour but d’attirer l’attention du public et de les sensibiliser sur le désastre écologique dû à la négligence humaine.

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Jacques-Yves Cousteau en 1972 // Photo via Wiki Commons par Peters, Hans / Anefo

INSOLITE•2 AVRIL 2020

LE SAVIEZ-VOUS ? LE COMMANDANT JACQUES-YVES COUSTEAU

Figure incontournable qui a marqué notre planète et ses océans, Jacques-Yves Cousteau et ses équipes ont mené à bien de nombreuses expéditions à bord de la célèbre Calypso, visant à explorer le monde sous-marin, alors très peu connu à cette époque.

Certaines des expéditions de Jacques-Yves Cousteau ont donné lieu à des documentaires visant à sensibiliser le public sur la préservation des océans et des profondeurs marines.

Mais le saviez-vous ?


1. Personnalité

Né le 11 juin 1910 à St André de Cubzac en Gironde, Cousteau entre à l’école navale en 1930 où il se destine à l’origine à une carrière d’aviateur dans la Marine, mais qui prend fin suite à un grave accident de voiture. Aventurier dans l’âme, il se tourne alors vers l’océan. Avec l’aide d’Émile Gagnan et l’invention du « détendeur » de plongée, il perfectionne le principe du scaphandre autonome.

L’origine de son célèbre bonnet rouge devenu symbole de son personnage est dû aux essais des premiers scaphandres du XIXème siècle. Pour l’occasion, des bagnards étaient désignés volontaires et se voyaient attribuer des couleurs vives et un bonnet rouge pour les différencier des autres marins. En portant un bonnet rouge, Cousteau souhaitait leur rendre hommage.

Le commandant a toujours été une personnalité très appréciée des français. Le journal du dimanche relèvera que Jacques-Yves Cousteau aurait atteint la première classe de ce classement 20 fois entre la période de 1988 et 1996, devançant ainsi l’Abbé Pierre : 16 fois lauréat.


2. La Calypso

Lorsque le film « Aventure en Mer Rouge » de Hans Hass est primé lors d’un évènement en 1950, Cousteau se lance dans un nouveau projet visant à créer un film sous-marin en couleur. Pour se donner les moyens il se lance dans une campagne de mécénat. C’est à cette occasion que le millionnaire Loël Guiness lui offre le 19 juillet 1950 un bateau sur lequel il pourra parcourir les océans. Son nom : la Calypso. Avec son navire, Cousteau naviguera près de 40 ans sur une grande partie des mers du globe, ce qui lui permettra de réaliser sa longue série de documentaires « L’Odyssée sous-marine du commandant Cousteau » rendant ainsi l’équipage et la Calypso mondialement connus.

La Calypso coule dans le port de Singapour en 1996 après avoir été heurtée accidentellement par une barge. Renflouée et rapatriée en France pour restauration, elle est laissée à l’abandon plusieurs années en raison d’un litige qui oppose un chantier naval et la Fondation Cousteau. En 2012, elle est classée « bateau d’intérêt patrimonial » par la fondation patrimoine maritime et fluvial. Le 1er avril 2016, la Calypso arrive en Turquie pour sa phase de restauration et de modernisation où les travaux sont toujours en cours.


3. Inventeur et découverte

Le commandant Jacques-Yves Cousteau est à l’origine de nombreuses améliorations et inventions marines. La constante amélioration du scaphandre ainsi que les soucoupes plongeantes, portent la griffe Cousteau. Il étudie avec l’aide du Professeur Malavard et l’ingénieur Charrier, la Turbovoile : un tout nouveau système complémentaire de propulsion éolienne. L’invention est testée en 1985 sur l’Alcyone, qui est aujourd’hui le navire d’expédition de l’Équipe Cousteau. Il est entretenu par des bénévoles dans le port de la ville de Caen en Normandie.

Parmi ses nombreuses découvertes, lors d’une exploration en mer Égée, Jacques-Yves Cousteau retrouve le 3 décembre 1975, l’épave du Britannic : le navire jumeau du Titanic qui avait sombré 59 ans plus tôt. Il s’agit de la plus grande épave de paquebot au monde, découverte à 120 mètres de profondeur. Un an après (le temps d’obtenir l’autorisation des autorités grecques) Cousteau et son équipe plongent à l’intérieur de l’épave. L’exploration est filmée et suivie depuis la surface par l’une des survivantes du naufrage. Certains éléments de l’épave sont remontés à la surface et un documentaire est produit pour la série télévisée « L’Odyssée sous-marine de l’équipe Cousteau ».


4. Écologiste dans l’âme

Défenseur de l’écosystème marin, Cousteau s’engage en 1960 contre l’immersion de deux mille tonnes de déchets radioactifs en méditerranée. Pour défendre la préservation de la vie marine, il créé en 1974 The Cousteau Society : une organisation de droit américain à but non lucratif. En 1981 la Fondation Cousteau, aujourd’hui l’Équipe Cousteau voit le jour.

Ses films documentaires tournés lors de ses expéditions, ont pour but d’attirer l’attention du public et de les sensibiliser sur le désastre écologique dû à la négligence humaine.

Il lance en 1990 avec l’aide de plusieurs ONG, une pétition mondiale visant à sauver l’Antarctique de l’exploitation minière. C’est une opération réussie : la décision est prise de protéger cette terre vierge pour les cinquante prochaines années. De par ses nombreuses actions écologiste, il est l’invité officiel de la conférence des Nations Unies pour l’environnement et le développement à Rio de Janeiro en 1992.

Le 25 juin 1997 âgé de 87 ans, le commandant Jacques-Yves Cousteau s’éteint. Même si aujourd’hui l’homme n’est plus là, son message reste toujours d’actualité. A sa mort, il lègue à ses deux associations : l’Équipe Cousteau et The Cousteau Society la mission de continuer à transmettre son message et à sensibiliser le monde.

5. Héritage

Aujourd’hui, la « marque » Cousteau a pratiquement disparu. Cela s’explique par la rupture familiale entre les deux principaux héritiers du célèbre commandant : Francine Cousteau : deuxième femme du commandant, et Jean-Michel Cousteau : son fils ainé. La guerre entre les deux clans a très vite eu un impact sur les deux associations de l’ancien commandant où le nombre d’adhérents a considérablement diminué, là où dans les années 90, la Fondation Cousteau comptait près de 100 000 membres en France et la Cousteau Society en comptabilisait 250 000. Ces associations représentaient une réelle arme pour les défenseurs de l’environnement : elles avaient permis de sauver l’Antarctique dans les années 90.

Le véritable symbole du naufrage de l’héritage Cousteau reste son célèbre bateau : la Calypso, abandonnée pendant de nombreuses années à La Rochelle puis à Concarneau pendant le litige qui opposait les deux parties quant au devenir du navire.

Source: https://www.mer-ocean.com/le-saviez-vous-le-commandant-jacques-yves-cousteau/

Le commandant Cousteau, inventeur génial et écologiste de terrain

En 1992, au sommet de Rio, on pouvait voir des célébrités comme Jane Fonda et Pelé côtoyer des représentants comme le Dalaï-lama et George Bush. Mais au moment de prendre la photo officielle, présidents, premiers ministres et dirigeants du monde entier n’avaient d’yeux que pour un seul personnage public. Alors qu’ils se regroupaient, ils ont insisté pour que Jacques-Yves Cousteau les rejoigne.

L’explorateur, océanographe et défenseur de la nature, qu’on a surnommé « Capitaine Planète », était venu pour demander aux dirigeants de reconnaître aux générations futures le droit de jouir d’une planète non polluée, responsabilité que l’ONU a fini par endosser. Près de trente ans plus tard, on se souvient toujours de Jacques Cousteau pour ses contributions indélébiles à notre vision du monde et de l’environnement. Voici comment il s’y est pris pour inscrire l’environnement à l’ordre du jour international.

1. IL A MONTRÉ LE MONDE SOUS-MARIN

Le commandant Cousteau est connu pour avoir été un des pionniers de la plongée au milieu du 20e siècle. Ancien officier de marine, Cousteau a peu à peu été amené à s’intéresser à l’exploration des océans. En 1943, alors qu’il était à la recherche d’une façon de rendre les profondeurs accessibles aux plongeurs indépendants, il effectue des modifications sur un équipement de respiration sous-marine qui existait déjà de manière à permettre aux plongeurs de rester sous la surface plus longtemps sans être attachés à un tuyau d’air relié à un bateau.

C’est alors que le détendeur de plongée, ou « Aqua Lung », voit le jour. Celui-ci administre de l’air à la demande et à la pression désirée. L’appareil a libéré les plongeurs de leur bateau et leur a permis d’aller voir ce qui se passait sous la surface. Un monde vaste et vierge qui fourmillait de vie inconnue les y attendait.

Grâce à la plongée on pouvait désormais faire des recherches scientifiques, découvrir de nouvelles espèces, se débarrasser des mines et même organiser des fouilles archéologiques sous l’eau. Mais Jacques Cousteau, malgré son génie, n’a dissipé qu’une infime partie du mystère des profondeurs : à ce jour, 80 % des océans demeurent inexplorés.

2. IL NOUS A MONTRÉ POURQUOI IL FALLAIT PRENDRE SOIN DES OCÉANS

Cousteau était fasciné par l’idée de faire des photos sous l’eau et s’est assez tôt mis à modifier et à inventer des équipements photographiques comme la « luge sous-marine » qui lui a permis de filmer sur le plancher de l’océan. Après avoir amélioré l’équipement de plongée, il a travaillé avec Harold Edgerton, professeur de l’Institut de technologie du Massachussets (MIT), pour mettre au point des projecteurs adaptés aux conditions sous-marines extrêmes. Grâce à ses lumières stroboscopiques qui illuminaient les animaux et à ses projecteurs capables de faire le jour en eau profonde, Cousteau a permis de révéler ce qui se tramait dans les fonds marins.

Il est aussi à l’origine du premier véritable appareil photo sous-marin, le Calypso, du nom de son célèbre navire. Cet appareil de 1961 pouvait être utilisé jusqu’à 180 mètres de profondeur et fonctionnait également en surface. Grâce à cette innovation ainsi qu’à d’autres, il a été possible de prendre des photos et même de filmer sous l’eau. Les images saisissantes prises par Cousteau avaient d’ailleurs été publiées dans National Geographic, qui avait eu l’honneur de financer certaines de ses explorations.

Grâce à ses photographies étourdissantes et à des films influents comme Le Monde du silence (1956), Le Monde sans soleil (1964) et Voyage au bout du monde (1977), Cousteau a transformé en art ce qui n’était à l’origine qu’un médium. L’avènement de la photographie sous-marine n’a pas profité qu’aux explorateurs et aux scientifiques, il a permis au public de comprendre les merveilles de l’océan et de se sentir concerné par leur sauvegarde.

3. SON COMBAT POUR LES RÉCIFS CORALLIENS

Sa vie au contact des créatures marines l’a fait passer des « films d’aventure », pour reprendre ses mots, à la défense de toute forme de vie marine. Sa vie sous l’eau lui a permis de saisir toute l’importance des récifs coralliens et des plantes et animaux sous-marins. Cousteau a fait partie des premiers à documenter l’usage du sonar chez les dauphins ; il a également découvert de nouvelles espèces et même identifié des bassins volcaniques inconnus sur le plancher océanique.

Bien que Cousteau ait fait office d’ambassadeur des océans pendant sa longue vie, son palmarès a été terni par des accusations de cruauté envers les animaux dont il se serait rendu coupable au début de sa carrière. Dans une biographie sur son père, Jean-Michel Cousteau écrivait que l’explorateur utilisait et tuait des animaux marins capturés et leur réservait des traitements insensibles. Dans un de ses films, Cousteau fait la démonstration de la pêche à l’explosif, technique dont se servaient les premiers plongeurs et qui consistait à jeter de la dynamite dans l’eau pour recenser la vie animale à un endroit donné en faisant remonter à la surface des créatures qui autrement fuient les plongeurs.

Pourtant, à la fin de sa vie, Cousteau avertissait les humains qu’ils étaient en train d’épuiser et de dévaster les océans, qu’ils menaçaient la vie animale et qu’ils étaient sur le point de détruire les récifs coralliens. En 1974, il confiait à Paul Dustan qu’il soupçonnait que les humains étaient responsables de la dégradation de ceux-ci. Selon la communauté scientifique, dix années nous séparent de la destruction du corail par le blanchissement et le changement climatique, entre autres menaces.

4. IL A DONNÉ L’ALERTE SUR LES DÉCHETS NUCLÉAIRES

En passant de plus en plus de temps dans l’eau, Cousteau s’est inquiété de l’intention des gouvernements d’immerger des déchets nucléaires dans les océans et les mers du monde. En 1959, après avoir appris que le gouvernement français voulait déposer ses déchets nucléaires dans la Méditerranée, Cousteau a pris part à une campagne publique d’information massive et est devenu un fervent opposant à la fois à l’énergie nucléaire et à l’utilisation des océans comme zones d’enfouissement des déchets.

Sa campagne a été un succès et il a poursuivi sa lutte acharnée contre la pollution des océans grâce à sa fondation, à ses livres et à ses interventions publiques. « Nous voulons pour tous le droit de décider des risques que l’on prend ou non et de préserver la qualité de la vie pour les générations à venir », écrivait-il dans un pamphlet en 1990.

5. TOUS RESPONSABLES POUR LES GÉNÉRATIONS FUTURES

Son exploration inlassable des profondeurs l’a mené à ressentir une grande responsabilité non seulement pour les humains et les animaux de son temps, mais aussi pour la vie future. En 1991, il a commencé à réunir des signatures pour une pétition pour les droits des générations futures dans le but de faire pression sur les Nations unies pour que celles-ci modifient leurs statuts pour y inclure le droit de celles ceux qui ne sont pas encore né.e.s à jouir de la nature.

Cousteau a fini par réunir neuf millions de signatures dans le monde entier et, en 1997, l’UNESCO a fait une déclaration sur les responsabilités des générations présentes à l’égard de celles à venir. On y lit notamment qu’elles ont la responsabilité de « léguer aux générations futures une Terre qui ne soit pas irréversiblement endommagée par l’activité humaine ».

Cousteau a rappelé ces obligations lors de la conférence des Nations unies à laquelle il participait en 1992. « Les générations futures ne nous pardonneront pas d’avoir délibérément gâché leur dernière opportunité, a-t-il dit. Mettons fin à ce génocide à retardement ! Cessons de ne penser qu’à nous-mêmes et de raisonner uniquement à court terme […] Il en va de notre responsabilité, car nous tenons entre nos mains l’avenir des générations exigeantes de demain. »

Source: https://www.nationalgeographic.fr/environnement/le-commandant-cousteau-inventeur-genial-et-ecologiste-de-terrain#:~:text=Gr%C3%A2ce%20%C3%A0%20ses%20lumi%C3%A8res%20stroboscopiques,nom%20de%20son%20c%C3%A9l%C3%A8bre%20navire.

L’homme qui grenouille

Gentil ami de la nature, le populaire Jacques-Yves COUSTEAU? Films hollywoodiens, affaires juteuses, procès contre son fils aîné… A 84 ans, Cousteau » brasse encore les millions.

Né sous le signe du Zodiac, le commandant Cousteau est un homme de spectacle qui, depuis quarante ans, interprète un rôle d’ami de la nature: un personnage gentil, qui filme des animaux gentils. L’été en saharienne Lanvin. L’hiver en costume d’humanoïde à col chevalier, commandé depuis trente ans chez Vernet, 116, Champs-Elysées. Il est entré en fonction en 1956, grâce à un documentaire-culte, le Monde du silence, réalisé avec Louis Malle, qui obtint la palme (hihi) d’or à Cannes. Pour la première fois, le public, et surtout les enfants, découvraient les fonds marins. Un monde neuf. «On buvait ce film», dit drôlement Bernard Violet, biographe iconoclaste (1). Le capitaine de corvette Cousteau obtint illico le poste de directeur du musée océanographique de Monaco et quitta la Marine nationale. Les Requins associés, sa société de production, commençait son ascension commerciale.

Né sous le signe du Zodiac, le commandant Cousteau est un homme de spectacle qui, depuis quarante ans, interprète un rôle d’ami de la nature: un personnage gentil, qui filme des animaux gentils. L’été en saharienne Lanvin. L’hiver en costume d’humanoïde à col chevalier, commandé depuis trente ans chez Vernet, 116, Champs-Elysées. Il est entré en fonction en 1956, grâce à un documentaire-culte, le Monde du silence, réalisé avec Louis Malle, qui obtint la palme (hihi) d’or à Cannes. Pour la première fois, le public, et surtout les enfants, découvraient les fonds marins. Un monde neuf. «On buvait ce film», dit drôlement Bernard Violet, biographe iconoclaste (1). Le capitaine de corvette Cousteau obtint illico le poste de directeur du musée océanographique de Monaco et quitta la Marine nationale. Les Requins associés, sa société de production, commençait son ascension commerciale.

Aujourd’hui, lorsqu’on visionne le Monde du silence en compagnie d’enfants convena-bles, en âge d’être les arrière-petits-enfants du commandant, ceux-ci sont stupéfaits: «Gros sauvages! Respectent pas les animaux.» La rhétorique écologiste a lavé les jeunes cervelles. L’équipage de la Calypso massacre une tribu de requins dans une scène à la Cronenberg, abat d’une balle dans la tête un bébé cachalot haché par les pales du navire, dynamite un jardin de coraux tandis que la caméra s’attarde sur l’agonie tragico-rigolote d’un diodon. Les marins chevauchent des tortues en tirant sur des cigarettes qui nuisent gravement à la santé. Les enfants de 1956 rêvaient, ceux de 1995 sont scandalisés. «Ils ont raison et j’en suis fier, dit le commandant, roublard. Cela prouve que les mentalités ont évolué, grâce à moi.» Visage hâve, il ressemble à une institutrice en retraite. Tel un sociétaire d’Art Média, Cousteau ne reçoit la presse que pour commercer. Actuellement, il promeut un livre sur Madagascar (Plon) et un documentaire produit avec Ted Turner.

Dans le nouveau siège de sa fondation (250.000 adhérents), hôtel particulier gardé par des scaphandres, Cousteau communique en buvant de l’eau Perrier. On n’interviewe pas le commandant, on écoute un argumentaire. Lorsqu’on ose une question, il dit: «Vous me brusquez un peu.» L’attachée de presse maison note. Lui rame pour légitimer le caractère scientifique de ses expéditions. Les plongeurs de la Calypso ont raconté comment, pour obtenir des images séduisantes, ils avaient manipulé les animaux. Employant, par exemple, une solution de chlorax sur les pieuvres (Pieuvre, petite pieuvre, 1972) (1). Les belles images ont un prix. Cinq à six millions de francs le tournage. Cousteau ne tourne pas des documentaires, mais des films scénarisés à Hollywood, qui exigent des supercheries. «Ted Turner a les droits pour l’Amérique du Sud et du Nord. Avec l’aide de la banque Worms, nous avons monté une société de production à Majorque pour les droits dans les autres pays», dit JYC. Prononcer «Jique», comme madame Cousteau II, une plantureuse qui chaloupe dans les parages, sur des escarpins à motif panthère.

«Mauvais traitements infligés aux animaux? Moi qui évite d’écraser les fourmis»», JYC enchaîne sur les grandes menaces qui alimentent ses films et le fond de roulement de la fondation. Explosion démographique. Réchauffement de la planète. Et parle de Cousteau Junior, le magazine que lance le groupe Hachette en novembre. S’il a réussi sur le plan commercial, ses autres tentatives sont moins heureuses. L’Argyronète, projet de sous-marin futuriste qui échoua, coûta 57 millions de francs en 1972 aux contribuables français. Après une tempête financière enregistrée par la Cour des comptes, Cousteau quitta la France et entama aux Etats-Unis une carrière en mondovision. Sa célébrité lui valut de vanter des croquettes de poisson congelé à la télévision britannique. Le parc océanique Cousteau, aux Halles creusa, lui, un passif abyssal de 10 millions de francs avant de sombrer. L’Aquaboulevard a racheté la baleine en carton-pâte. Quand on aime, on ne compte pas.

Cousteau jouit d’un droit d’expression tout terrain sur le seul crédit de sa popularité. Au box-office (2), il dispute la première place à l’abbé Pierre. Les médias pour grandes personnes lui sont ouverts, sur des motifs plus sentimentaux que rigoureux. Pour qu’il s’exprime sur les essais de Mururoa, le Monde lui offre sa Une. En janvier 1986, à Punta Arenas (Chili), Cousteau se dit totalement opposé aux essais dans le Pacifique Sud. En 1988, dans France-Soir, il déclare les tirs français inoffensifs. Est-ce un effet du hasard? Quelques mois plus tard, Pierre Joxe, ministre de la Défense, offre un million de francs à la fondation, pour la construction de la Calypso II. En 1995, Cousteau dénonce les essais et» les déclare sans danger.

Ancêtre du «politiquement correct», Cousteau est aujourd’hui victime de sa réussite. Comme Walt Disney, son histoire et sa vie privée sont passées au sonar. Séquence Occupation: JYC a passé la guerre en apnée. Aux îles de Lérins. Son premier court-métrage, Par 18 mètres de fond, réalisé en 1943, reçoit les éloges de Lucien Rebatet dans Je suis partout, son frère aîné, Pierre-Antoine Cousteau, en

est le rédacteur en chef. Condamné à mort après la guerre, ce dernier quitte Clairvaux dix ans plus tard, brouillé avec JYC à qui il reprochait de l’avoir délaissé en prison. Les deux hommes n’étaient pas sur la même longueur d’onde.

Séquence dynastique: il intente ces jours-ci un procès à son fils aîné, pour utilisation abusive de leur nom. Celui-ci a installé dans les îles Fidji un complexe de vacances baptisé Cousteau les Flots Bleus. «Mon fils est charmant, mais il n’est pas capable. Ce n’est pas parce qu’un gosse est né de votre sperme qu’il a les qualités nécessaires pour vous remplacer», a-t-il un jour déclaré au Nouvel Economiste. Jean-Philippe est le fils de madame Cousteau I, décédée en 1990, après cinquante ans de service à bord de la Calypso. «Simone fut la seule femme de marin à avoir attendu son mari en mer», a dit Falco, un plongeur du navire. Le second fils du commandant, Philippe, est mort en 1979 dans le crash d’un hydravion. Il y a deux ans, le commandant se remarie avec Francine, ex-hôtesse de l’air, et présente deux Cousteau junior de 13 et 15 ans.

Lorsqu’on demande au commandant ce qui génère sa popularité, il dit: «Je n’ai jamais raconté de bo-bards.» En voilà justement un… et c’est ce qui a fait son charme. Durant quatre décennies, Cousteau a approvisionné les enfants des villes en féeries aquatiques. Sa biographie n’est pas formatée sur ce modèle. Mais pourquoi, en l’apprenant, les grandes personnes réagissent-elles comme des enfants?.

Source: https://www.liberation.fr/terre/1995/09/29/l-homme-qui-grenouille_142899/

Le commandant Cousteau : défenseur moderne des océans

« One Ocean Summit », le premier sommet créé pour la protection des océans, s’est terminé le 11 janvier dernier. Plusieurs jours de conférences entre spécialistes ont été établis pour décréter des mesures autour de la préservation marine. Les océans étaient jusqu’alors les grands oubliés de la prise de conscience écologique. Il a fallu attendre 2022 pour que l’on consacre enfin un événement à cet espace planétaire. Si les mesures étatiques et internationales se sont faites attendre, les dénonciations de l’urgence marine, elles, avaient été clamées bien avant. Et une figure sort du lot : il s’agit du commandant Cousteau.

Créateur de l’océanographie

Jacques-Yves Cousteau naît en 1910 et disparaît en 1997, laissant derrière lui les majeures découvertes océanographiques du siècle.

Quand il atteint ses 20 ans, il entre à l’Ecole Navale et devient officier canonnier. C’est un accident grave de voiture qui met fin à la carrière d’aviateur qu’il entreprend dans l’armée. En 1936, il essaie des lunettes sous-marines. Sa passion bascule alors des cieux à la mer et ne le quitte plus. Il met à profit son instinct inventif pour développer, avec l’ingénieur Emile Gagnan, le scaphandre autonome en 1943. Le monde sous-marin devient enfin perceptible.

Ses inventions ne se limitent pas au scaphandre. En effet, en 1946, il améliore le vêtement « à volume constant » permettant de nager dans les eaux les plus froides, l’ancêtre de nos combinaisons étanches actuelles. Il crée en 1950 la « soucoupe plongeante (SP-350) » avec l’ingénieur Jean Mollard, un sous-marin deux places qui peut descendre jusqu’à 350 mètres de profondeur. En 1965, les perfectionnements de la machine lui permettent ainsi d’atteindre les abysses sous 500 mètres. Enfin, avec le professeur Lucien Malavard et l’ingénieur Charrier, il développe le principe de la « Turbovoile ». Il s’agit d’un système spécifique de propulsion éolienne, dont il va équiper son bateau tout aussi connu que lui : l’Alcyone.

Lanceur d’alerte

Jacques-Yves Cousteau et ses amis Philippe Tailliez, officier marine et plongeur sous-marin, et Frédéric Dumas, pionnier de la plongée, forment le groupe des « Mousquemers ». Il se met avec eux à arpenter les mers au travers de sa Calypso. Cousteau filme tous les voyages dans cette embarcation. Les productions audiovisuelles ainsi créées mettent en avant les problématiques rencontrées en mer : l’impact de l’homme, la pollution, la surexploitation des ressources marines, la dégradation des côtes… Toute l’écologie marine y passe.

En 1974, il crée « The Cousteau Society », une organisation à but non-lucratif de droit américain ayant pour but l’exploration océanographique et la protection de la faune des mers. En 1981, en France, naît la Fondation Cousteau qui deviendra l’Equipe Cousteau, arpentant encore les mers aujourd’hui. Le commandant est aussi à l’initiative d’une pétition mondiale de 1990 visant à sauver l’Antarctique de l’exploitation minière.

Cousteau devient ainsi un symbole de cette conscience écologique. En 1992, il est l’invité officiel de la conférence des Nations Unies pour l’environnement et le développement à Rio de Janeiro. Ce sont plus de 70 films et de 50 livres qui font sa renommée. Si son action militaire lui avait conféré le rang de chevalier de la légion d’honneur, son implication scientifique l’a promu Officier et Commandeur. Tantôt membre de l’Académie des sciences des Etats-Unis, tantôt directeur du musée océanographique de Monaco, il reçoit le prix international des Nations Unies pour l’environnement en 1977, la médaille de la liberté du président des Etats-Unis en 1985, l’inscription au tableau d’honneur des individus qui se sont distingués pour la protection de l’environnement en 1988 et devient membre de l’Académie française en 1989. Un palmarès hors du commun et international qui ne peut être oublié aujourd’hui.

Même si le commandant a disparu, les questionnements qu’il a émis n’ont jamais été plus actuels. Ils ont une résonance toute particulière dans la situation d’urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons. Pour sûr, il aurait adoré parcourir le cinquième océan découvert l’année dernière, mais aurait-il été satisfait des conclusions tirées lors du « One Ocean Summit » ? 

Source: https://cultea.fr/le-commandant-cousteau-defenseur-moderne-des-oceans.html

Comment le commandant Cousteau a ouvert les portes des océans à l’humanité

« Regarde ! », s’exclama mon fils.

Nous flottions à l’ombre de la jetée de l’île portoricaine de Vieques, abrités du soleil tropical par les lattes en bois suspendues au-dessus de nos têtes, tandis que l’eau recouvrait des piliers érodés. Cet endroit créé par l’humain, où nous nous octroyions une courte pause lors de notre baptême de plongée libre, n’avait aucun attrait hormis sa fraîcheur.

Les yeux écarquillés derrière son masque, Will pointa l’eau du doigt avant de plonger tête la première. J’en fis de même.

Nous venions d’entrer dans un autre monde, à mille lieues de la jetée, structure sans intérêt de bois gondolé et de peinture écaillée. Sous la surface, l’eau grouillait de vie : des coraux orange et jaune enveloppaient les colonnes, des plantes aquatiques luxuriantes ondulaient au gré du courant, des bancs de poissons argentés filaient entre les poteaux. Ce lieu étroit situé sous un quai construit voilà plusieurs décennies pour les navires de guerre américains était aussi fécond qu’une jungle. Mais contrairement à la jungle, nous pouvions flotter dedans et l’examiner sous tous les angles.

Jamais nous n’aurions imaginé évoluer parmi une faune et une flore aussi riches. Et pourtant, Will en redemandait. « C’était trop bien », lança-t-il alors que nous rentrions à l’hôtel à bord du vieux pick-up de nos guides, avant d’ajouter : « J’aimerais essayer la plongée sous-marine ». Il ne voulait pas être obligé de rester à la surface à cause de nos tubas de location. Il rêvait de plonger plus profondément, d’explorer davantage l’océan, de voir ses merveilles par lui-même.

Bien que Jacques-Yves Cousteau ait appris à nager à l’âge de quatre ans, c’est le ciel, et non la mer, qui l’intéressa dans un premier temps. Il entra dans la Marine nationale en 1930 pour devenir pilote, un rêve qui s’envola lorsqu’il échappa de peu à la mort dans un accident de voiture ; il s’en sortit avec les deux bras fracturés. Dans le cadre de sa rééducation, l’officier de la marine Philippe Tailliez lui suggéra de s’adonner à la nage en eau libre. Il lui prêta une paire de lunettes de plongée et l’emmena pêcher au harpon près de Toulon, en mer Méditerranée.

Nager avec ces lunettes fut une révélation. « Dès que j’ai plongé la tête sous l’eau, j’ai eu un choc », raconta-t-il par la suite. Il venait de découvrir « un vaste domaine complètement vierge à explorer ».

« J’ai compris qu’à partir de ce jour, je consacrerai tout mon temps libre à l’exploration sous-marine », confia-t-il.

À terme, il finit par plonger jusqu’à 18 mètres de profondeur, restant en apnée pendant 70 à 80 secondes. Mais ce n’était pas suffisamment profond ni suffisamment long pour le commandant Cousteau. « Je me suis toujours rebellé contre les limites imposées par une seule inspiration », a-t-il écrit en 1952 dans un article pour National Geographic, son premier pour le magazine.

Jacques-Yves Cousteau devait trouver sa propre solution. « Je suis devenu inventeur par nécessité », ironisait-il.

Pour plonger plus profondément, il avait besoin d’un appareil capable de fournir de l’air respirable tout en composant avec la pression de l’eau : plus un plongeur s’enfonce dans l’océan, plus la pression augmente, ce qui réduit le volume de l’air dans le corps et peut provoquer l’affaissement des poumons. Le beau-père du commandant Cousteau le mit en contact avec l’ingénieur Émile Gagnan, spécialiste des conceptions pneumatiques haute pression.

À l’époque, la Seconde Guerre mondiale faisait rage et l’Allemagne contrôlait la majeure partie du territoire français. Émile Gagnan, qui travaillait à Paris pour la principale compagnie de gaz du pays, avait notamment conçu une soupape qui régulait le débit de carburant ; celle-ci permettait aux voitures de fonctionner avec de l’huile de cuisson, une adaptation essentielle en temps de guerre alors que les nazis réquisitionnaient l’essence pour leurs automobiles.

Cousteau se rendit dans la capitale en 1942 afin d’expliquer son problème de pression de l’air à l’ingénieur. Gagnan pensait que son régulateur d’essence pourrait être la solution. Les deux hommes bricolèrent ensemble jusqu’à obtenir quelque chose qu’ils pouvaient tester : un régulateur fixé à deux bouteilles d’air comprimé par des conduits. Le commandant essaya le prototype dans la Marne, à l’est de Paris.

« J’ai respiré normalement à un rythme lent, incliné la tête et plongé doucement jusqu’à neuf mètres de profondeur », confia-t-il.

L’appareil fonctionnait, mais uniquement à l’horizontale. En position verticale, de l’air s’en échappait. Jacques-Yves Cousteau et Émile Gagnan repositionnèrent les conduits d’aspiration et d’évacuation pour les placer au même niveau. Ils finirent par obtenir une version que l’explorateur français était prêt à essayer en mer.

Pendant plusieurs mois au cours de l’année 1943, Cousteau, Tailliez et leur ami Frédéric Dumas testèrent avec prudence l’appareil baptisé Aqua-Lung. Ils réalisèrent plus de 500 plongées en mer Méditerranée, allant de plus en plus profondément à chaque fois. La barre des 40 mètres de profondeur fut atteinte au début de l’automne, avant que Dumas ne plonge à 67 mètres en octobre.

« Le meilleur moyen d’observer un poisson est de devenir un poisson », écrit Jacques-Yves Cousteau dans son premier article pour National Geographic. « Et le meilleur moyen de devenir un poisson, ou un fac-similé raisonnable de celui-ci, est d’enfiler un appareil respiratoire sous-marin appelé l’Aqua-Lung. L’Aqua-Lung offre à l’Homme la possibilité de sonder, sans se presser et sans danger, les profondeurs de l’océan ».

Près de 80 ans après l’invention de l’appareil, le même concept de base est encore utilisé. « C’est aussi simple et élégant qu’un bouton de porte », décrit David Doubilet, photographe sous-marin National Geographic de longue date. « C’est d’une fiabilité ! En 65 ans de plongée, je n’ai jamais rencontré de souci ».

La possibilité de sonder les profondeurs exposait toutefois les plongeurs à d’autres dangers. L’Aqua-Lung facilitait la respiration en équilibrant la pression ambiante et interne, mais il ne pouvait pas prévenir la narcose à l’azote, ou « l’ivresse des profondeurs » comme l’appelaient les premiers plongeurs, un phénomène qui survient lorsque des bulles d’azote se forment dans le système sanguin au cours de la descente du plongeur. Le commandant Cousteau l’a décrit comme « une impression d’euphorie, une perte progressive du contrôle des réflexes, une perte de l’instinct de survie ». « L’air prend un drôle de goût et vous vous enivrez de votre propre respiration », disait Albert Falco, qui a navigué avec Cousteau pendant près de 40 ans.

La narcose à l’azote peut s’avérer mortelle. Après la guerre, Jacques-Yves Cousteau, qui faisait partie du groupe de recherche sous-marine de la Marine, organisa en 1947 des tests de plongée autonome à Toulon. Il voulait montrer que l’Aqua-Lung pouvait permettre aux plongeurs d’aller à plus de 100 mètres de profondeur. Mais la personne qui effectua la première tentative, le second capitaine Maurice Fargues, trouva la mort après avoir perdu connaissance à 120 mètres. L’équipage le ramena désespérément à la surface, mais ne parvint pas à le réanimer.

« Je commence à me demander si ce que je fais a du sens », déclara, bouleversé, le commandant Cousteau.

Aux yeux de la Marine, cela en avait. Elle déploya le groupe de recherche sous-marine pour effacer les séquelles de la Seconde guerre mondiale en mer Méditerranée. Les plongeurs de la Marine procédèrent à des opérations de déminage à proximité de ports fréquentés. Ils récupérèrent les corps des pilotes d’avions abattus. Ils observèrent la destruction du monde sous-marin infligée par une guerre qui n’avait pas épargné les côtes méditerranéennes.

« J’ai enfilé le scaphandre et je me suis retrouvé au fond de la piscine », se souvient David Doubilet, qui a photographié la mer des Sargasses, la grande barrière de corail et presque chaque recoin de l’océan pour plus de 70 reportages National Geographic. « J’étais cloué sur le fond, mais je respirais et c’était divin ».

« Le régulateur Aqua-Lung était un passeport qui nous donnait accès à 70 % de notre planète », poursuit le photographe. « Le commandant Cousteau est une personne dont le rôle essentiel pour la planète ne pourra jamais être oublié ni sous-estimé ».

Le photographe Laurent Ballesta, qui a passé son enfance à nager et faire de la plongée libre et sous-marine sur les côtes françaises de la mer Méditerranée, a également été influencé par le commandant Cousteau. Lorsqu’il avait 16 ans, lui et ses amis se trouvaient sur un bateau lorsqu’ils furent encerclés par des requins. Fan inconditionnel des documentaires de l’explorateur, Laurent Ballesta a réalisé qu’il s’agissait de requins-pèlerins, une espèce inoffensive, et a sauté dans l’eau pour nager avec eux.

Quand il raconta ce qu’il s’était passé à ses parents en rentrant à la maison, ces derniers ne le crurent pas. « C’est à ce moment que j’ai décidé d’apprendre la photographie ».

Laurent Ballesta a depuis découvert une nouvelle espèce de poisson baptisée le gobie d’Andromède, et a été le premier à photographier sous l’eau le cœlacanthe, un poisson préhistorique. Il a récemment relaté pour National Geographic comment, avec son équipe, il avait passé 28 jours dans une capsule pressurisée, qui leur a permis de plonger pendant des heures dans les profondeurs de la mer Méditerranée.

Jacques-Yves Cousteau a continué de jouer un rôle actif dans l’exploration sous-marine jusqu’à sa mort en 1997, à l’âge de 87 ans. « Mon travail consistait à montrer ce qu’abritait la mer, à en montrer la beauté, pour que les gens apprennent à la connaître et à l’aimer », a écrit l’explorateur.

Malgré ses contributions novatrices et son influence sur la scène internationale, ce monde est encore largement méconnu. Selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, plus de 80 % des océans de notre planète restent inexplorés.

Depuis l’invention de l’Aqua-Lung par Jacques-Yves Cousteau et Émile Gagnan il y a 78 ans, plus de 28 millions d’individus ont suivi l’explorateur dans les océans et se sont initiés à la plongée sous-marine.

Au printemps prochain, mon fils et moi viendrons nous ajouter à cette liste. Pour son 17e anniversaire, Will veut un passeport vers un autre monde.

Source: https://www.nationalgeographic.fr/environnement/comment-le-commandant-cousteau-a-ouvert-les-portes-des-oceans-a-lhumanite#:~:text=Apr%C3%A8s%20la%20guerre%2C%20Jacques%2DYves,de%20100%20m%C3%A8tres%20de%20profondeur.

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